Gilles de Kerchove, coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, s'est exprimé dans une interview avec l'AFP sur les
liens entre les jeux vidéo et le terrorisme. Une prise de position faite à quelques semaines de la présentation du Digital Services Act, nouveau texte visant à réguler la haine sur Internet, entre autres sujets liés au Web.
Le haut fonctionnaire considère ainsi que les jeux vidéo en ligne peuvent parfois être « une manière alternative de propager certaines idéologies »,
une manière de laver de l'argent sale ou de « tester des scénarios d'attaques » dans le monde réel.
Des lieux alternatifs de propagation des idéologies extrémistes
Dans son interview avec l'Agence France Presse, Gilles de Kerchove, Belge occupant le poste de coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme depuis 13 ans, appelle à plus de régulation des jeux vidéo en ligne.
« Je ne dit pas que tout le secteur du jeux vidéo est un problème. Il y a deux milliards de personnes jouant en ligne, et c'est très bien ainsi » explique-t-il en préambule avant d'avertir : « (…) Vous avez des groupes d'extrême droite en Allemagne qui ont mis sur pied des jeux dont le but est de tirer sur des Arabes, ou [le milliardaire américano-hongrois] Soros, ou madame Merkel pour sa politique migratoire, etc », explique-t-il.
Il affirme que les jeux vidéo peuvent être « un moyen alternatif de diffusion d'idéologies, en particulier de l'extrême droite », mais aussi « un moyen de laver de l'argent sale... Il existe des monnaies créée pour des jeux qui peuvent être échangées contre des devises officielles. » Il évoque aussi l'idée qu'à l'avenir, les jeux pourraient être un moyen pour des groupes terroristes de « tester des scénarios d'attaque », comme les militaires le font actuellement sur logiciels.
Le Digital Services Act, nouveau levier européen contre la haine en ligne
Cette interview donné à l'agence de presse française s'est faite dans le cadre de la communication européenne autour du Digital Services Act. Gilles de Kervoche a ainsi évoqué la question de « l'amplification algorithmique », avec des plateformes comme Facebook ou YouTube qui mettent en avant des contenus « problématiques » et « borderlines » pour booster l'engagement des utilisateurs.
Le Digital Services Act est un nouveau texte européen qui sera rendu public par la Commission le 2 décembre prochain. Son objectif est à la fois de réguler les contenus en ligne et de réguler les plateformes elles-mêmes. Le texte doit ratisser large, de la modération des contenus publiés sur la plateforme à l'encadrement des pratiques des GAFAM en matière de données ou la diffusion des fakes news, en passant par de nouvelles règles sur l'utilisation des systèmes d'intelligence artificielle.
Si l'on ne connaît pas encore son contenu, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a déjà exprimé son ambition : moderniser des règles jugées trop vieilles concernant Internet et faire en sorte que ce « qui est interdit offline » le soit « online », comme il l'explique dans une interview au Monde. Un texte qui cause déjà un bras de fer avec les GAFAM : la semaine dernière, Sundar Pichai, P.-D.G. du groupe Alphabet, a dû s'excuser auprès du commissaire européen après qu'un document
présentant les stratégies de contournement de ces nouvelles règles a fuité de chez Google.
Source : Barrons