Sundar Pichai, P.-D.G. du groupe Alphabet, a dû faire son mea culpa jeudi dernier lors d'un entretien vidéo avec Thierry Breton, commissaire européenne au marché intérieur. La société a en effet laissé échapper un document évoquant ses stratégies potentielles pour contrer les tactiques de l'Union Européenne.
Les relations entre Google et l'Union Européenne ne sont pas vraiment au beau fixe. Outre l'amende imposée à l'entreprise pour abus de position dominante avec Android, qui impose aux constructeurs la configuration par défaut de son moteur de recherche, depuis plusieurs années, Bruxelles entend taxer les géants du numérique. Récemment, quelque 165 sociétés se sont d'ailleurs rassemblées pour pointer les pratiques anticoncurrentielles de Google.
Google, pris sur le fait
Face à cette situation, le géant californien a élaboré une stratégie visant à déjouer la mise en place de nouvelles régulations par les autorités européennes. Intitulé DSA 60-Day Plan Update, ce document confidentiel de 60 pages a pour objectif d'influer la rédaction du Digital Service Act. Ce dernier vise, rappelons-le, à codifier un certain nombre de technologies et de pratiques mises en œuvre, notamment, par les GAFAM.
Avec le Digital Service Act (DSA) Bruxelles entend ratifier tout ce qui a fait débat ces dernières années : de la pré-installation des applications sur smartphones, à la modération des contenus publiés sur les plateformes en ligne, en passant par l'encadrement de l'intelligence artificielle. Plus globalement, l'objectif est de traduire, dans le monde virtuel, les autorisations et interdictions effectives dans le monde réel.
Le Point, qui rapporte cette affaire, explique que Google tente d'influer sur la nature de cette loi afin de l'assouplir au maximum. Cela passe par une série de rendez-vous de lobbying et d'articles sponsorisés mettant à mal les objectifs du DSA, notamment chez Politico.
Google s'excuse
Lors d'une visioconférence avec Sundar Pichai, Thierry Breton a demandé des explications au dirigeant quant à ce document confidentiel et les pratiques qui y sont décrites.
« Je n'avais pas vu le document, mais j'en prends la responsabilité. Nous sommes une très grande entreprise. Des personnes ont écrit ce document, et ne me l'ont pas montré. Je suis désolé que cela se soit passé de cette manière », aurait ainsi affirmé le P.-D.G. de Google.
Sundar Pichai aurait alors expliqué que Google a une vision à long terme pour sa stratégie sur le Vieux Continent. De son côté, Thierry Breton rappelle que, plus que jamais en cette période de pandémie, Internet tient un rôle majeur pour les citoyens de l'Union Européenne : il est donc nécessaire d'en encadrer son usage par des lois claires.
Sous la direction de Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne et commissaire européenne à la Concurrence, une première proposition du DSA sera présentée au parlement le 9 décembre.