Mega Man X

Retour en l'an de grâce 1993 pour ce nouvel épisode de NEO•Classics, sur Super Nintendo, avec la sortie d’une toute nouvelle version de Mega Man, la mascotte 8 bits emblématique de Capcom, alors affublée d’un énigmatique « X ».

Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10ème art...

Mega Man X

Le premier épisode de notre rubrique NEO•Classics revenait sur les origines du premier opus de la saga Mega Man, sur NES. Après un développement (très) compliqué, et un jeu d’abord pensé pour l’arcade, puis développé sur Disk System, avant de finir sur NES, Mega Man a connu un démarrage poussif, avant que le second opus ne vienne faire exploser la popularité de la saga.

Mega Man / Mega Man X : même combat ?

En 1993, alors que la Famicom vient d’accueillir le sixième opus des aventures 8 bits du petit robot bleu (qui arrivera en Amérique du Nord en mars 1994, et jamais en Europe), Capcom lance au Japon un certain Rockman X (ou Mega Man X) sur la Super Famicom de Nintendo.

La trilogie Rockman X sur Super Famicom, et Mega Man X (version US)

Un opus plus mature, plus complet, évidemment plus beau que jamais, mais surtout une refonte totale de la série, pour aboutir sur un « nouveau » Mega Man, le jeu n’étant pas vraiment une suite directe des opus 8 bits.

Exit les Robots Masters, place à des androïdes anthropomorphiques dans Mega Man X !

Dans le niveau d’Armored Armadillo, il est possible de découvrir un ennemi unique, à savoir une chauve-souris, en hommage évidemment à celle apparue dans Mega Man 2. D’ailleurs, dans Mega Man X, tous les Mavericks sont des androïdes anthropomorphiques, avec un pingouin, un tatou, une pieuvre, un caméléon, un aigle…

En effet, dans la saga Mega Man, on compte différentes séries, et parmi les plus populaires, on retrouve la saga Classic (soit les six opus de la NES, ainsi que Mega Man 7, 8, 9 et 10), et la saga X, qui se compose de huit épisodes principaux.

A l'époque, Mega Man X s'affichait en double page dans nos magazines de jeux vidéo

Une saga Mega Man X qui se déroule plus d’un siècle après la série Classic, avec le professeur Cain qui met la main sur une capsule dans laquelle repose le mystérieux « X », et qui introduit le concept de « Réploïdes » et de « Mavericks », sans oublier le grand antagoniste de cette saga, un certain Sigma.

Nouvelle console, nouveau gameplay

En 1993, ce Mega Man X constituait une véritable révolution pour tout amateur de la série. En effet, si les opus 8 bits avaient tous tendance à se ressembler plus ou moins, cette version 16 bits introduit de toutes nouvelles mécaniques de gameplay.

Outre une refonte graphique intégrale, le robot bleu est désormais capable de dasher pour esquiver une attaque, sauter plus loin ou renforcer la puissance d’un tir, mais il peut également glisser contre les parois. Et ça c’est classe !

Mieux encore, en récoltant des pièces d’armure disséminées dans les différents niveaux, X est capable de bénéficier de nouveaux mouvements, et outre le dash, le casque permet de démolir certains blocs, l’armure réduit les dégâts de 50%, tandis que le « Buster » améliore les attaques du canon notre héros. Mieux encore, cette amélioration permet de charger toutes les armes secondaires du jeu.

Mega Man X a également eu droit à deux opus "Xtreme" sur Game Boy Color au début des années 2000

Comme sur NES, Mega Man X adoptait un système de mot de passe pour la gestion de la progression. Ce n’est que plus tard que Capcom décida d’opter pour un vrai système de sauvegarde.

Un (tout) petit côté RPG

Côté progression, Mega Man X reprend la formule bien connue de la série, avec des niveaux à parcourir dans l’ordre de son choix, après un Prologue qui reste évidemment mythique pour tous les fans (et à la fin duquel on rencontre deux nouveaux personnages, à savoir Vile et Zéro).

Simple PNJ dans Mega Man X, Zero aura par la suite une place bien plus importante, dans le gameplay, comme dans le coeur des joueurs

Comme toujours, chaque arme secondaire permet d’occire plus facilement un boss spécifique, avec en prime quelques animations spéciales (on peut par exemple couper le trompe de Flame Mammoth avec une certaine arme, ou encore faire sauter le blindage d'Armored Armadillo avec une autre), mais il faut savoir que terminer certains niveaux avant d’autres, permet aussi de modifier, parfois grandement, l’architecture de certains stages.

Par exemple, le fait de boucler le niveau de Storm Eagle, avant celui de Spark Mandrill, permettra de traverser ce dernier plus facilement, puisque les débris du niveau précédemment terminé auront causé une panne d’électricité dans celui de Spark Mandrill.

Le verdict du test de Nintendo Player (n°21), rédigé à l'époque par un certain Matt Murdock (via abandonware-magazines.org)

Bien sûr, il est plus que conseillé de retourner visiter un niveau déjà terminé, une fois certaines améliorations acquises, pour mettre la main sur ce Cœur trop haut, ou ce réservoir E-Tank protégé par des blocs.

A l’origine, il faut savoir que le personnage de Zero avait été conçu pour être LE héros de cet opus. Toutefois, par crainte que les joueurs aient du mal à s’approprier ce nouveau héros, Keiji Inafune a finalement décidé de renommer le personnage (en Zero donc) et de lui attribuer un rôle secondaire, laissant le joueur contrôler X, une version évoluée de Mega Man.

Si Mega Man X est un véritable régal pour les yeux, le jeu de Capcom est (comme souvent) également une impressionnante réussite d’un strict point de vue sonore.

En effet, dès l’intro, on peut profiter d’une excellente OST signée, entre autres, par Setsuo Yamamoto. Le thème du prologue reste clairement l’un des plus marquants, mais l’entrée en scène de Zero n’est pas en reste… difficile de trouver à redire concernant l’OST de cet opus.

Qui a mis du Street Fighter dans mon Mega Man X ?

En effet, Mega Man X renferme un secret (désormais très connu) que peu de joueurs pouvaient découvrir à l’époque, à savoir la présence d’une capsule spécifique, qui permet d’apprendre… la technique du Hadoken.

Une capsule secrète, accessible sous certaines conditions...

A condition d’avoir rempli certaines conditions préalables, en se rendant à la toute fin du niveau d’Armored Armadillo, il est possible de rencontrer un hologramme du Dr Light, alors vêtu comme Ryu. Ce dernier offre à X la technique du Hadoken, utilisable uniquement lorsque la jauge de vie est à 100%, qui détruit n’importe quel ennemi (hormis Sigma) en un seul coup.

... qui permet d'apprendre la technique du Hadoken !

À l’époque, étant très fan des opus NES, j’avais la sensation de jouer à un jeu révolutionnaire (ou « next-gen » comme on dit désormais) avec ce Mega Man X. Un jeu bourré de surprises, d’effets graphiques et autres mécaniques de gameplay inédites, à découvrir bien souvent par soi-même d'ailleurs. Et que dire du boss final, du serpent des mers ou même des abeilles mécaniques géantes du prologue, qui s’écroulent au sol une fois abattues… Quelle folie...

Dès les premières minutes, Mega Man X en met littéralement plein la vue

Une technique du Hadoken ultra-secrète à l’époque, dont seuls certains érudits avaient connaissance. À noter que X perd la technique en question à chaque réinitialisation de la console.

Les bases d’une nouvelle ère

Plutôt que de proposer un Mega Man 8 bits version 16 bits, Capcom avait su littéralement révolutionner sa licence avec ce premier Mega Man X sur Super Nintendo. Le jeu a évidemment connu un énorme succès à l’époque, s’écoulant à plus de 1,6 million d’exemplaires.

Comme souvent, la différence entre les jaquettes PAL/US et les covers JAP est assez frappante...

Sur Super Nintendo, Capcom proposera deux autres opus, un peu moins « populaires » mais néanmoins très réussis. À noter que si Mega Man X reste plutôt abordable aujourd’hui, les opus 2 et 3 sont affichés à plusieurs centaines d’euros sur le net, certains exemplaires (notamment en version PAL) dépassant même les 1000 euros.…

Les deux premiers opus Super Nintendo, entourés par la saga Mega Man X au complet, avec les trois opus Super Famicom, les trois opus PSOne (le X3 est également disponible sur la console de Sony), et les deux épisodes PS2

Toutefois, aussi sacré soit-il, Mega Man (un peu à l’instar de Sonic pour ne citer que lui) n’a pas su conserver sa superbe au fil des années, et force est d’admettre que la saga « X » s’est rapidement dégradée, avec pour point culminant les opus X7 et X8 sur PS2, absolument immondes…

Heureusement, en 2020, on peut toujours rebrancher sa Super Nintendo, la relier à bon vieux Sony Trinitron CRT, souffler dans sa cartouche, et relancer la première trilogie Mega Man X, toujours aussi exceptionnelle, malgré ses (presque) trente ans d'âge.