Comix Zone

En 1995, alors que les joueurs ont les yeux rivés vers la « next-gen » de l’époque (et notamment une certaine PlayStation), SEGA lance un nouveau jeu pour Mega Drive : Comix Zone.

Un jeu de type beat’em all, comme il en existe tant (trop ?) à l’époque, mais qui se démarque de la masse par une esthétique très particulière. Le joueur est en effet invité à progresser au sein même d’une bande-dessinée. Ainsi, le jeu de SEGA reprend un genre à la limite du « ringard » en 1995, à l'heure où les yeux sont rivés sur la 3D, et grâce à un level design et certaines (excellentes) idées de gameplay, fait de ce Comix Zone un jeu à part.

Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO·Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...

Comix Zone

Test One Two… SEEEGGAAA

Dans Comix Zone, on incarne Sketch Turner, un dessinateur de comics qui va se retrouver enfermé dans sa propre bande-dessinée, tandis que le vil Mortus a pris sa place dans le monde réel, mettant tout en œuvre pour maintenir son créateur prisonnier dans son ouvrage. Une fois n’est pas coutume, c’est donc Mortus qui « s’amuse » à jouer avec la vie de Sketch Turner, en dessinant ennemis et autres pièges au fur et à mesure de la progression du héros.

Pour le joueur, il s’agit donc d’évoluer de case en case pour essayer de se sortir de cette situation pour le moins incongrue (et inquiétante).

Le côté « comics » est ici magistralement rendu, avec non seulement des niveaux qui s’enchainent comme les pages d’une BD (et parfois plusieurs chemins au choix), mais aussi des dialogues dans des bulles, y compris durant les combats.

À cela s’ajoutent de nombreuses onomatopées (comme dans un vrai comics en fait), et certaines bordures plus fragiles, qui peuvent être détruites via un coup puissant, ou encore en y projetant un ennemi. On peut même arracher un bout de page pour en faire un avion en papier avant de l'envoyer sur le personnage à combattre. Effet garanti !

Oh yeaaah !

Visuellement, impossible de passer à côté du fait que cette chère SEGA Mega Drive est à la fin de sa vie. Les graphismes sont somptueux, les animations aussi, tout comme la section audio, très réussie. Comix Zone est bourré de détails, les combats sont ultra-pêchus, et on peut même utiliser un rat (Roadskill !) pour étourdir les ennemis, tout en déjouant quelques pièges... Même le logo « SEGA » au lancement du jeu est original.

Bref, Comix Zone procure un fun immédiat, et aujourd’hui encore, impossible de lancer une partie sans aller (au moins) au bout du premier niveau.

Ce ne sont pas que des peintres, ce sont aussi des « comics » !

Côté coulisses, Comix Zone fut initialement présenté à SEGA, et plus précisément au SEGA Technical Institute (STI) dès 1992. Fondée en 1991 par Mark Cerny, cette division américaine de SEGA a notamment œuvré sur… Sonic the Hedgehog 2.

Mais à l'époque, si le projet, alors baptisé « Joe Pencil trapped in the Comix Zone », affiche de vraies qualités, selon la direction de SEGA, la priorité du moment restait le développement de Sonic Spinball, et la préparation d'un certain Sonic 3.

La publicité française de Comix Zone

Ainsi, lorsque le développement démarre enfin, la SEGA Mega Drive est déjà sur sa fin, et après quelques modifications esthétiques (avec un personnage principal remanié, notamment) et autres ajustements audio pour coller à la « mode » du moment, le jeu, rebaptisé sobrement Comix Zone, voit le jour (en France) à la rentrée 1995.

SLAMM !

À l’instar d’autres titres (comme Ristar pour ne citer que lui), Comix Zone arrivera malheureusement un chouia trop tard sur la Mega Drive de SEGA. En effet, à la rentrée 1995, de nombreux joueurs ont les yeux rivés vers le « futur » du jeu vidéo, à savoir la PlayStation, lancée en boutiques le 29 septembre de cette même année.

Du côté de chez Nintendo, on profite encore de quelques pépites 16 bits (Chrono Trigger, Yoshi’s Island…), mais chez SEGA, la « next-gen » est déjà en marche, avec la 32X pour certains, mais aussi (et surtout) la nouvelle Saturn, lancée en boutiques quelques mois avant Comix Zone.

À sa sortie donc, le jeu a tout de même été largement salué par la critique, se faisant notamment attribuer une note de 95 par le magazine Player One de l’époque ou encore un 93 % par Mega Force, sur lequel on pouvait lire : « Comix Zone est l’un des jeux les plus originaux que compte la Megadrive dans sa ludothèque ».

Ces louanges furent partagées par la plupart des joueurs, néanmoins le succès commercial, lui, resta relativement modeste. Selon son créateur, Peter Morawiec, c’est évidemment sa sortie trop tardive qui explique l’échec commercial de Comix Zone. Notons que le jeu (comme d’autres à l’époque) n’a connu qu’un seul et unique opus.

BOOM !

Le gros défaut de Comix Zone, c’est sa durée de vie. En effet, pour les bienfaits de cet épisode de NEO·Classics, j’ai évidemment tenu à me replonger dans le jeu, et une petite demi-heure à peine a suffi pour que j'arrive au fin mot de l’histoire.

Certes, on rage comme au premier jour sur certains boss, sur certains passages très délicats ou encore sur une maniabilité parfois « étrange », mais quel plaisir malgré tout de se replonger dans ce jeu somme toute assez unique en son genre. À noter toutefois une difficulté bien présente : lorsque la jauge de santé de Sketch Turner est vide, il faut alors tout recommencer… Depuis le début. C'est un peu ça aussi la joie du rétrogaming !

En bref, Comix Zone est un jeu à la fois original et techniquement impressionnant, qui n’aura malheureusement pas connu la gloire escomptée. Pas assez en tout cas selon SEGA pour mettre au point de nouveaux opus.

Si vous avez une petite demi-heure de libre ce dimanche après-midi, vous savez désormais comment l’occuper !