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La cryptographie utilisée permettrait aux messages d'État de résister aux méthodes de déchiffrement les plus avancées.

Cent ans après le premier télégramme diplomatique entre l’ambassade française aux États-Unis et Paris, la France a marqué d'une pierre blanche le 30 novembre dernier en faisant un pas de géant dans la protection de ses communications les plus sensibles.

Une expérimentation

De nouvelles menaces émergent. Les attaques et les machines en mesure de les perpétrer sont de plus en plus sophistiquées. « Demain, un ordinateur quantique suffisamment puissant sera capable de casser tous les algorithmes de cryptographie et déchiffrer nos messages. Pour contrer cette menace, développer des technologies de cryptage post-quantique est un enjeu stratégique », a expliqué Emmanuel Macron sur Twitter. Même si le risque reste mesuré pour l'instant, il faut malgré tout s'y préparer.

C'est dans ce contexte, et dans la continuité des projets de coopération entre Washington et Paris sur le quantique, qu'a eu lieu cet essai grandeur nature. Concrètement, il visait à transmettre un mémo simple, signé entre les États-Unis et la France. Parmi les algorithmes choisis, Crystals-Dilithium et Frodo-Kem, respectivement recommandés par le National Institute of Standards and Technologies (NIST) et l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI).

L'opération s'est vue menée avec le concours du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français ainsi que de l'entreprise CryptoNext Security, qui émane de l'Inria, du CNRS et de Sorbonne Université. Cette start-up, au-delà de sa poussée commerciale, reste à l'avant-garde des travaux de recherche académique sur les solutions de cryptographie post-quantique.

« Nous y sommes ! »

Alors qu'Emmanuel Macron a officialisé sa stratégie quantique en dévoilant un plan massif en janvier 2021, le gouvernement devrait présenter courant 2023 « un premier plan d’action » comprenant « une méthodologie et un calendrier de migration vers la cryptographie post-quantique [des] infrastructures critiques », détaille le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères dans un communiqué. De son côté, le président de la République a vivement salué cette première réussite. « Nous y sommes », s'est-il enthousiasmé.

Dans le cadre du plan France 2030, quelque 150 millions d'euros seront consacrés à cette cryptographie avancée. Au total, le plan Quantique français représente 1,8 milliard d’euros d'investissements.

Source : ministère de l'Europe et des Affaires étrangères