Le gouvernement a annoncé ce mardi le lancement de sa plateforme nationale de calcul quantique, à laquelle le ministère des Armées s'intéresse tout particulièrement.
C'est à grand renfort de ministres que le gouvernement a annoncé, mardi et par visioconférence, le lancement d'une nouvelle plateforme nationale de calcul quantique, fondée sur un modèle hybride qui mélange accélérateurs quantiques et supercalculateurs. La ministre des Armées, Florence Parly, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Frédérique Vidal, et le secrétaire d'État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, ont chacun rappelé l'importance des technologies quantiques dans la stratégie de l'État.
Rassembler des acteurs d'horizons divers pour créer une communauté quantique et développer de nouvelles capacités
Le lancement de cette plateforme dont nous allons définir les contours s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale sur les technologies quantiques lancée par Emmanuel Macron il y a un an. Cette décision a fait du quantique un enjeu prioritaire pour la souveraineté technologique et stratégique de la France, avec un plan national doté d'une enveloppe de 1,5 milliard d'euros, censé aboutir à l'arrivée de solutions sur le marché d'ici 5 ans.
Dotée d'un budget étatique de 72 millions d'euros renforcé par 100 millions d'euros issus de collectivités, d'entreprises et de financements européens, cette plateforme doit constituer un laboratoire au profit du pays tout entier. Chercheurs, universités et entreprises (start-up ou grands groupes) : tous pourront profiter de cette plateforme hybride, qui interconnectera des systèmes classiques et des ordinateurs quantiques, pour ce que Frédérique Vidal considère comme une « formidable aventure scientifique et technologique européenne ».
Deux simulateurs quantiques de 100 qubits y seront installés, comme l'ont indiqué les ministres ce matin. Soutenue par l'INRIA, la plateforme sera installée au Très Grand Centre de Calcul implanté au Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA) avec l'objectif de fédérer une communauté quantique, pour s'approprier de nouvelles capacités, tester leurs limites et en diffuser les nouvelles méthodes.
La technologie quantique, priorité du ministère des Armées
Le lancement de cette plateforme nationale de calcul quantique intéresse tout particulièrement un ministère : celui des Armées, qui y voit plusieurs intérêts. La plateforme permettra de développer le savoir de la France en matière quantique dans trois domaines, le premier étant celui du calcul quantique. Et la perspective de réaliser des calculs inaccessibles pour des processeurs classiques (jusqu'à un milliard de fois plus vite) ouvre la voie à de multiples possibilités vues d'un bon œil par Florence Parly et ses équipes. « Le calcul quantique est essentiel pour les combats de demain, explique la ministre, essentiel pour traiter des milliards de données à des fins de renseignement, pour optimiser les trajectoires de véhicules en tenant compte de leurs dynamiques individuelles, pour concevoir une antenne… »
Les capteurs quantiques, un autre chantier de la plateforme, suscitent aussi l'intérêt des armées françaises, en ce qu'ils fournissent des niveaux de précision inégalés et permettent d'améliorer les performances de détection des armements et de la navigation, « comme un GPS qui ne dépendrait plus des signaux satellites et qui se repérerait en mesurant les infimes variations de la gravité terrestre », complète Florence Parly.
Les communications bénéficieront aussi des travaux menés via la technologie quantique. Elle aidera à développer des équipements de très haut niveau qui seront utilisés pour stocker des données sur des dizaines d'années ou pour lutter contre l'ordinateur quantique ennemi, qui pourrait bien (sans que cela n'ait encore été démontré) casser certains algorithmes de sécurité.
Si la « communication gouvernementale » cette fois est de mise, il est à noter que la France semble jouir d'une certaine attractivité autour du quantique. Le pays possède ses fleurons (Quandela et son générateur de photons uniques pour l'ordinateur quantique optique ; Pasqal qui veut manipuler les qubits par centaines). Il en attire également d'autres, comme en témoigne la récente installation en France du Finlandais IQM, chef de file paneuropéen des ordinateurs quantiques.