Imaginez : un soir d'été, après une journée où le temps a été lourd, vous entendez soudain un coup de tonnerre au loin. L'un de vos premiers réflexes sera peut-être de chercher un abri, ce qui est tout à fait naturel.
Les orages, bien que fascinants, sont des événements météorologiques qui peuvent se révéler destructeurs. En effet, libérant une énergie colossale en un instant, chaque éclair est capable d'endommager nos infrastructures modernes et peut devenir dangereux pour tout individu qui se trouve sur son passage. Depuis quelque temps déjà, nous savons nous en prémunir dans la mesure du possible. Néanmoins, des progrès restent à faire, et une technique innovante sera bientôt mise à l'épreuve en Suisse.
Des infrastructures utilisant une technique inventée au XVIIIᵉ siècle
L'invention du paratonnerre par un certain Benjamin Franklin a précédé d'un siècle celle de l'éclair (la pâtisserie, bien entendu). Depuis 300 ans, nous nous appuyons sur des poteaux métalliques raccordés à la terre pour nous protéger des dégâts de la foudre. Pourtant, les orages provoquent encore de nombreux accidents. Ils endommagent des infrastructures sensibles, menacent des centrales électriques, provoquent des feux de forêt et tuent plusieurs milliers de personnes chaque année dans le monde.
Un consortium européen s'est lancé dans le développement d'un tout nouvel outil pour faire face à ce problème : un... laser. L'invention sera testée à une altitude de 2 502 mètres, au sommet du Säntis, en Suisse. L'opérateur Swisscom y possède une antenne qui, avec ses 124 mètres, est l'une des installations du genre les plus exposées à la foudre. Il s'agit donc d'un laboratoire de choix pour de telles expériences.
Un lieu d’étude presque parfait
S'il ne s'agit pas tout à fait de reproduire le sabre laser d'un Jedi, le concept n'en est pas moins fascinant. Le dispositif sera composé du pointeur laser en lui-même, mesurant 8 mètres de long et 2 mètres de large, et d'un télescope pour focaliser le faisceau à la distance souhaitée. L'objectif est de créer un paratonnerre virtuel en chauffant et en ionisant l'air, ce qui constituera un canal conducteur apte à dévier la foudre. Avec cette technique, il est possible de créer un paratonnerre qui s'étend beaucoup plus haut qu'une méthode plus conventionnelle dans le but de écarter la foudre beaucoup plus loin des infrastructures sensibles.
Ainsi, l'installation de Swisscom, déjà équipée d'un paratonnerre de bonne hauteur, offre un contexte de choix pour tester cette nouvelle technique. Cependant, l'accès au sommet sera compliqué. Ce dernier n'est accessible que par téléphérique, le laser devra donc être transporté progressivement par hélicoptère. Il devrait d'ailleurs l'être avant la fin du printemps, car les recherches devront être menées de juin à octobre, en pleine saison des orages. Alors, quand nous irons tous nous prélasser au soleil, nous pourrons avoir une petite pensée pour ces chercheurs qui, à défaut de détruire des planètes entières à coups de laser, permettront peut-être d'avoir moins peur lors des nuits d'été orageuses.
Source : Université de Genève