Selon des chercheurs, il serait possible d'empêcher une partie des rayons solaires d'atteindre la Terre en projetant de la poussière entre les deux astres.
Depuis le milieu du siècle dernier, l'activité humaine a pris une telle proportion qu'elle modifie considérablement le climat de la planète tout entière. Changer les pratiques d'une civilisation comptant des milliards d'individus est une tâche titanesque, et il semble qu'il ne reste pas assez de temps avant que nous atteignions un point de non-retour. Il apparaît ainsi que le changement climatique et ses conséquences feront partie de notre avenir.
Un parasol pour protéger la Terre
La géo-ingénierie est un ensemble de techniques qui visent à modifier le climat d'une planète. Ironiquement, nos émissions de gaz à effet de serre pourraient être considérées comme l'une de ces techniques. Ainsi, penseurs, chercheurs et industriels tentent d'imaginer et de développer des solutions à grande échelle pour contrer le réchauffement climatique, comme la capture du carbone.
L'effet de serre fonctionne comme un plaid qui piège une partie du rayonnement solaire reçu par la Terre. L'une des stratégies pour réduire son impact, s'il est trop grand, serait de bloquer une partie des rayons avant qu'ils n'atteignent notre atmosphère. Les concepts sont nombreux, mais ils impliquent souvent l'emploi d'énormes structures dans l'espace, un peu comme si l'on déployait un parasol en orbite. Celles-ci impliqueraient des coûts de fabrication, d'installation et de maintenance considérables, et qui ne seraient peut-être concevables que dans un avenir où l'exploitation des ressources spatiales aurait déjà commencé depuis quelques décennies.
Des chercheurs, de l'université de l'Utah, ont voulu étudier une autre technique pour nous donner « un peu plus d'ombre » : envoyer d'énormes quantités de poussière au point de Lagrange L1 entre la Terre et le Soleil. Ce point d'équilibre gravitationnel entre les deux astres permet à des objets de rester sur une orbite stable, généralement sans en dévier. Si un nuage de poussière placé à cet endroit avait effectivement la possibilité de bloquer une partie importante des rayons solaires pendant un temps suffisamment long, il ne resterait cependant pas indéfiniment en place.
Des avantages dans les inconvénients
Des objets « lourds », comme le télescope James Webb, peuvent s'ancrer très longtemps sur leurs orbites sans nécessité de réajustement. Mais, la poussière est davantage exposée à d'autres facteurs que la gravité, tels que les vents solaires ou diverses radiations. Un bouclier qui en serait constitué serait ainsi voué à être dispersé rapidement. Il faudrait alors l'alimenter en permanence, ce qui impliquerait un entretien constant et la nécessité d'une source d'approvisionnement importante.
C'est pourquoi l'étude s'est finalement intéressée à la poussière lunaire. En effet, si celle-ci possède les caractéristiques adéquates pour bloquer les rayons solaires, il serait aussi aisé de la transporter vers le point de Lagrange L1. La gravité étant plus faible sur la Lune que sur la Terre, il serait possible d'alimenter continuellement le bouclier en consommant relativement peu de carburant, ou toute autre source d'énergie. Cette solution est considérée par l'étude comme la plus viable, tant elle bénéficierait d'un stock de poussière suffisant et ne nécessiterait pas de plateformes en orbite, comme ce serait le cas pour un acheminement depuis la Terre.
Les auteurs précisent que l'avantage d'utiliser de la poussière réside précisément dans sa capacité à se dissiper rapidement. Ainsi, le bouclier solaire demeurerait le temps nécessaire, et les particules ne devraient pas tomber sur la Terre. Néanmoins, ils soulignent que leur étude ne fait qu'explorer l'impact d'une telle stratégie : « Nous ne sommes pas des experts du changement climatique ni de la science des fusées nécessaire pour déplacer une masse d'un endroit à un autre. Nous explorons simplement différents types de poussières sur diverses orbites pour voir dans quelle mesure cette approche pourrait être efficace. »
Source : ScienceDaily