Sur un site marchand où l'on peut acheter des « crédits de refroidissement » comme on achèterait une coque de smartphone, la start-up Make Sunsets affirme avoir déjà relâché du dioxyde de soufre dans la stratosphère.
L'objectif : utiliser les capacités de ce composé chimique pour renvoyer une partie des rayons du Soleil dans l'espace et réduire les effets du réchauffement climatique. Une opération jugée dangereuse par la plupart des scientifiques, ce dont les dirigeants de Make Sunsets se disent conscients.
Make Sunsets : une lutte contre le réchauffement climatique à partir de 10 dollars
10 dollars. C'est tout ce que vous coûtera l'achat de votre premier crédit. Pour ce prix, Make Sunsets enverra un ballon chargé de dioxyde de soufre dans la stratosphère. Celui-ci y restera entre six mois et trois ans : pendant ce temps, le composé qu'il contient réfléchira les rayons du Soleil, atténuant les conséquences de l'effet de serre.
Si l'enseigne ne précise quelle quantité de soufre sera relâchée moyennant 10 dollars, elle établit bel et bien son activité en cédant des crédits de refroidissement. Selon elle, un gramme de soufre libéré à 20 kilomètres d'altitude doit compenser les effets d'une tonne de dioxyde de carbone (tout en admettant que les estimations varient énormément selon les études). Toujours selon elle, 50 milliards de dollars suffiraient à compenser l'ensemble du CO2 produit par les activités humaines.
La géo-ingénierie, une idée grandement controversée
L'idée n'est pas nouvelle. Elle n'est pas non plus complexe d'un point de vue technique et d'autres s'y sont déjà essayés. La libération de dioxyde de soufre dans l'air est la méthode la plus populaire lorsqu'on évoque la géo-ingénierie, c'est-à-dire l'ensemble des techniques visant à modifier ou manipuler le climat.
Elle fait toutefois face à de très vives controverses. Pour Luke Iseman, cofondateur et P.-D.G. de Make Sunsets, il s'agit en partie d'un acte militant, souhaitant que sa start-up alimente un débat public sur la géo-ingénierie et que les expériences scientifiques sur le terrain, qui ont jusque-là rencontré de solides obstacles, puissent avancer.
Au-delà de la question morale de la manipulation climatique, les scientifiques craignent notamment que l'ajout de particules soufrées à l'atmosphère ne mette à mal la couche d'ozone ou ne modifie le cycle des moussons. Par ailleurs, la question du CO2 ne se limite pas au simple réchauffement : elle concerne aussi l'acidification des océans, par exemple.
Sur son site, Make Sunsets se dit pleinement consciente des critiques que l'enseigne suscite. Dans sa FAQ, lorsqu'on lui demande « Je voudrais que vous arrêtiez votre activité », elle répond : « Et nous voudrions un avenir équitable, avec de l'air respirable, pour les générations à venir. Convainquez-nous qu'il existe un moyen plus pratique de gagner du temps pour y arriver et nous nous arrêterons ».
Sources : MIT Technology Review, Make Sunsets