La fronde prototype de SpinLaunch. Crédits : Spinlaunch
La fronde prototype de SpinLaunch. Crédits : Spinlaunch

C'est l'un des projets les plus étonnants du secteur NewSpace américain : l'entreprise SpinLaunch veut envoyer de minuscules étages de lanceur et des satellites en orbite grâce à une gigantesque fronde. Un concept qui laisse les spécialistes dubitatifs, mais dont les premiers essais ont été concluants, permettant ainsi de lever des fonds.

Satellites fragiles s'abstenir.

Et ça tourne, et ça tourne…

Fondée en 2014, la petite entreprise basée à Long Beach (Californie) n'a pas beaucoup fait parler d'elle depuis, sinon pour annoncer en 2018 ses ambitions de lancer des satellites grâce à un système de fronde, et signaler début 2019 environ 110 millions de dollars d'investissement.

Depuis la crise sanitaire, SpinLaunch est restée bien discrète… jusqu'à son essai réussi du 22 octobre dernier au Nouveau-Mexique (près du SpacePort America) : pour la première fois, elle a fait fonctionner un prototype à l'échelle 1/3 de sa gigantesque catapulte et propulsé un projectile de 3 mètres de long jusqu'à quelques kilomètres d'altitude. « Cela nous permet de valider nos modèles aérodynamiques en vue des vols orbitaux, mais aussi de tester de nouvelles technologies pour le mécanisme de largage », explique le patron J. Yaney à CNBC.

Dans le Space Mountain

La « fronde géante » de SpinLaunch fait aujourd'hui une cinquantaine de mètres de haut. Elle se compose d'un très grand tambour central, au sein duquel un système de balancier tourne sur lui-même dans un environnement à vide d'air, jusqu'à 450 tours/minute.

Le petit lanceur est ensuite largué à la milliseconde près, passe dans un tunnel et arrive à l'air libre à une vitesse de plusieurs kilomètres/seconde. Sa vitesse lui permet (selon SpinLaunch) de traverser sans trop de contraintes l'ensemble de l'atmosphère, après quoi le projectile allume ses moteurs pour compléter son orbite.

Le véhicule final est censé disposer d'une capacité de transport de 200 kg de charge utile, avec un projectile qui pèsera tout de même 11 tonnes. Cela étant, la majorité de l'énergie nécessaire étant fournie par la fronde au sol, les coûts unitaires d'un lancement seraient très largement abaissés.

Le projectile du premier test de Spinlaunch au cours de sa montée. Crédits : Spinlaunch
Le projectile du premier test de Spinlaunch au cours de sa montée. Crédits : Spinlaunch

Avantage aux frondeurs

SpinLaunch en est encore aux premiers essais, et le projectile n'est pour l'instant monté qu'à quelques kilomètres d'altitude, tout en n'étant visiblement pas équipé de systèmes actifs. Les spécialistes pointent en effet plusieurs défis face à cette nouvelle technologie. En plus de la précision nécessaire pour larguer le projectile très précisément (et contrebalancer la perte d'équilibre avec un objet de plusieurs tonnes), il faudra que l'électronique comme le matériel de vol puissent supporter une accélération latérale de pratiquement… 10 000 g ! Ce qui n'est pas si inhabituel pour des obus, mais rarement observé dans le domaine spatial.

De plus, il reste la question de la friction atmosphérique et des pertes associées : le projectile sortira de la fronde à vitesse hypersonique, ce qui va générer d'énormes forces de frottements qui vont à la fois l'échauffer et possiblement le dévier.

Reste que SpinLaunch compte peaufiner son concept avec de nouveaux tirs cet automne et au début de l'année prochaine pour que la première fronde géante à l'échelle 1 soit fiable. Qui aura raison ?

Source : CNBC