Bonjour, où est-ce que je dois partir ? © Dino Hristopoulos
Bonjour, où est-ce que je dois partir ? © Dino Hristopoulos

Impossible de propulser des humains à des vitesses intéressantes pour visiter le Cosmos ? Une publication de ScienceDirect propose d'utiliser une accélération via laser (énergie dirigée) pour envoyer quelques pauvres tardigrades jouer les cobayes à 20 ou 30 % de la vitesse de la lumière. Parce que pourquoi pas.

Mais lancer le débat n'est peut-être pas inutile…

Tardigrades vs Wild

Ah, ces sacrés tardigrades. Depuis que l'on a découvert qu'ils sont pratiquement résistants à tout (le froid polaire, les températures volcaniques, les radiations et même, dans certaines conditions, le vide spatial), les petits « oursons d'eau » ont fait leur apparition dans un nombre incalculable de projets extrêmes.

Cette proposition de biologie interstellaire, liée au programme Starlight de la NASA ne fait pas exception. Placés dans quelques mini-capsules avec d'autres organismes comme des vers C. Elegans sur une plaque de la taille d'une main (et équipée d'une petite voile), les tardigrades pourraient être propulsés grâce à un énorme réseau de lasers situés sur Terre. Ces derniers, focalisant leurs faisceaux dirigés, transmettraient en quelques minutes suffisamment d'énergie pour que la minuscule petite sonde puisse atteindre des vitesses fantastiques, « entre 20 et 30 % de la vitesse de la lumière ». L'objectif sous-jacent de cette petite expérience de biologie appliquée est de savoir dans quel état se porte la petite ménagerie après l'accélération, en route pour sortir du Système solaire.

Réaliste ? Là où nous allons, pas besoin de réalisme

Selon l'article, un tel réseau de laser à haute puissance ne nécessiterait « que » 10 % de l'énergie disponible sur le réseau électrique des États-Unis. Une broutille… D'autant qu'il ne s'agirait dans cette aventure ni de viser directement une étoile proche (imaginez le cadeau de bienvenue, le message n'est pas clair) ni de faire revenir les tardigrades vers la Terre, pour éviter toute contamination possible de leur voyage à vitesse relativiste.

Un sacré faisceau laser ! © Lantin et Al. 2022
Un sacré faisceau laser ! © Lantin et Al. 2022

Tardigrade rapide, tardigrade quand même

Au-delà d'une réaction primaire face à cette publication scientifique (bien sérieuse), il faut avant tout comprendre qu'elle met en exergue les problèmes principaux du voyage interstellaire tel qu'il ne peut être envisagé aujourd'hui.

Que ce soit pour envoyer une caméra vers Proxima Centauri (c'est le projet Breakthrough Starshot), ou bien pour propulser le Capitaine Picard des tardigrades vers l'infini et au-delà, les réflexions sont posées pour de futures missions, les thématiques de protection planétaire et d'éthique… L'idée d'étudier des formes de vies extrêmement résistantes vaut la peine d'être bien documentée (c'est le cas ici) pour les différents défis qu'elle représente. Surtout, ces études sont légitimes un peu avant d'autres projets qui vont inévitablement voir le jour pour envoyer des « capsules temporelles » vers les étoiles voisines… Voire des animaux plus gros, et sur le papier, plus intelligents.