Vue d'artiste de la déformation générée par un trou noir sur l'image de la Voie Lactée produite par la mission Gaia. © NASA-Goddard/ESA/Gaia
Vue d'artiste de la déformation générée par un trou noir sur l'image de la Voie Lactée produite par la mission Gaia. © NASA-Goddard/ESA/Gaia

Utilisant un phénomène de lentille gravitationnelle, des astronomes ont pu détecter un trou noir stellaire, qui n'est lié à aucun système connu, à 5000 années lumières de notre planète. S'il s'agit du premier du genre, ces « solitaires » seraient assez communs, ils sont juste particulièrement difficiles à détecter.

Par définition, un trou noir est assez discret…

Un truc déforme l'image d'une étoile…

L'article scientifique, à peine proposé à l'Astrophysical Journal (et donc pas encore validé par ses pairs) fait grand bruit. Ses auteurs sont jusqu'ici réputés pour leur sérieux, mais il faudra rester prudents. Toutefois, leur découverte viendrait valider un travail de dix ans, pour confirmer la présence d'un trou noir grâce à un effet de lentille gravitationnelle. En effet, lorsqu'un objet très massif passe entre nous et un objet que l'on souhaite observer, il peut déformer la lumière de celui derrière lui, qui apparaît un moment plus brillant.

Si cet effet n'est véritablement compris que depuis une quinzaine d'années, il est de plus en plus utilisé pour découvrir des galaxies lointaines, mais aussi des étoiles particulières, et même des exoplanètes. La lentille gravitationnelle observée via cette campagne scientifique a eu lieu en 2011, identifiée « MOA-2011-BLG-191/OGLE-2011-BLG-0462 » (mignon petit nom).

Prouver l'existence d'un trou noir…

Sauf qu'il n'était pas évident du tout qu'il s'agisse d'une lentille gravitationnelle, et encore moins d'un trou noir au centre. En général pour ce type d'événement, les astronomes observent des étoiles massives, des amas… Mais cette fois, ils ont juste constaté l'augmentation de luminosité de l'étoile « en fond ».

Par définition, les trous noirs non supermassifs (qui se font remarquer autrement) sont assez difficiles à découvrir. Généralement, c'est lorsqu'ils sont par paires, qu'ils génèrent des ondes gravitationnelles ou que des objets orbitent autour. © Shutterstock
Par définition, les trous noirs non supermassifs (qui se font remarquer autrement) sont assez difficiles à découvrir. Généralement, c'est lorsqu'ils sont par paires, qu'ils génèrent des ondes gravitationnelles ou que des objets orbitent autour. © Shutterstock

Une fois qu'ils ont prouvé qu'il s'agissait bien d'une lentille (la courbe de luminosité sur le long terme ne laissant pas de doute), ils ont travaillé à montrer ce qui l'aurait générée. Une planète n'aurait pas été assez massive. Une étoile aurait produit un rayonnement… Or celui-ci n'émettait rien. Et via la déformation de l'image de l'étoile, ils ont su sa distance et pu estimer sa masse. Il s'agirait donc bien d'un trou noir isolé, « à la dérive », d'une masse d'environ 7 fois celle de notre Soleil, et à 5000 années lumières.

On ne les voit pas, c'est le problème

Pour découvrir ce trou noir solitaire, il aura tout de même fallu des années de recherche, huit observations distinctes par Hubble et beaucoup de précautions pour déterminer si ce trou noir était seul. Car tout le problème est qu'ils n'émettent rien, il faut donc se reposer sur les changements du « fond »… Qui lui-même n'est pas toujours exactement bien documenté.

Si elle est confirmée, cette découverte sera la première du genre… Mais l'astrophysique moderne prédit qu'il existe des milliers, et probablement même des millions de ces trous noirs, rien qu'à l'intérieur de notre Voie Lactée ! Pas de panique cependant : non seulement il n'y a pas de trace d'un de ces dériveurs près de nous, mais en plus, grâce à de futurs télescopes comme le Nancy Grace Roman (prévu d'ici 2025-26), ce type de découvertes grâce à des effets de lentille gravitationnelle devrait fleurir.