Décidément, que l'orbite est dure à atteindre… Pour la quatrième fois en cinq lancements, la petite fusée Rocket d'Astra a échoué à sa mission après 3 minutes de vol. Les satellites de la mission ELaNa 41 de la NASA sont perdus, mais l'entreprise du NewSpace espère encore rebondir.
Cotée en Bourse, Astra subit un gros revers.
Avantages théoriques
Installée en Californie, Astra envoyait jusqu'ici ses fusées vers le site de lancement de Kodiak en Alaska, ce qui pose des défis logistiques importants et limite le type d'orbite que sa fusée Rocket peut atteindre. Ce premier tir depuis Cape Canaveral devait donc mettre en évidence plusieurs avantages du petit lanceur.
Sa facilité d'emploi d'abord, car il ne requiert pas d'infrastructure spécialisée pour décoller. Sa capacité à emmener des satellites au service de la NASA ensuite, avec cette mission ELaNa 41 qui permet à des satellites conçus et fabriqués par des étudiants de rejoindre l'orbite basse. Et enfin, faire grimper sa cadence de tir… En effet, Rocket souhaite proposer des prix planchers de seulement 2,5 millions de dollars par décollage, mais pour cela il faudra un rythme de lancements très élevé. Malheureusement pour Astra, après ce 10 février, les clients risquent de patienter un peu, le décollage s'étant très mal passé.
Une grosse anomalie
Après quelques jours de retard liés à la météo, puis à un équipement au sol défaillant et un dernier report à cause d'une extinction des moteurs une seconde après leur allumage le week-end dernier, le décollage a eu lieu comme prévu ce 10 février à 21 h (Paris). Les premières phases de vol se sont très bien passées, et la fusée suivait la bonne trajectoire, jusqu'à l'extinction de ses cinq moteurs Delphin situés sur le premier étage.
En rapide succession, le lanceur devait alors éjecter l'étage et sa coiffe, puis allumer le moteur du deuxième étage. Il semble que la coiffe se soit mal séparée, et que le deuxième étage se soit tout de même allumé. Sous l'effet de la poussée, la coiffe a fini par céder, mais l'ensemble était déjà dans une spirale qui s'est vite révélée incontrôlable. Les responsables d'Astra, son fondateur et P.-D.G. Chris Kemp en tête, se sont vivement excusés pour ce nouvel échec.
Astra la vista, baby
En réalité, ce n'est pas la première fois qu'Astra subit un raté lors d'une tentative de vol orbital. C'est même l'inverse, à l'exception du décollage et de la mise en orbite réussie du 20 novembre dernier, tous les autres lancements ont mal terminé. Certains, comme celui du 3 décembre 2020, ont échoué très près de leur objectif…
Mais les statistiques sont très dures avec Astra et sa petite fusée : 4 échecs sur 5 tirs orbitaux, sans oublier un incendie qui a consumé le premier exemplaire complet, et deux ratés lors d'essais initiaux. Pourtant, portée par des levées de fonds et par des soutiens industriels (Planet) et institutionnels (NASA, Space Force), Astra compte bien se relever de cette dernière déconvenue. Il s'agira malgré tout d'identifier les causes et de les corriger rapidement, en évitant que la Bourse ne douche les espoirs de la marque. Depuis l'échec d'hier, le titre a perdu un tiers de sa valeur…