Le lanceur Electron sur son pas de tir en Nouvelle-Zélande. © Rocket Lab
Le lanceur Electron sur son pas de tir en Nouvelle-Zélande. © Rocket Lab

Au cours d'un décollage orbital avec deux satellites Blacksky, le lanceur Electron a souffert d'une anomalie qui a donné lieu à un échec total de la mission. C'est la deuxième fois en deux ans que l'ambitieuse entreprise Rocket Lab subit un pareil revers.

Ironiquement, elle a réussi à récupérer le premier étage…

Un lancement qui devait beaucoup faire parler de lui

La communication de Rocket Lab avait amplement préparé l'événement autour de ce troisième décollage de l'année. En effet, après avoir dévoilé un futur lanceur Neutron et orienté les efforts sur la plateforme satellite Photon, l'entreprise néozélandaise (installée à Long Beach, en Californie) souhaitait recentrer l'attention sur son lanceur « historique », Electron. En effet, Rocket Lab a investi beaucoup d'efforts pour rendre le premier étage de sa fusée réutilisable et, dans un premier temps, récupérable.

Après un premier essai réussi en décembre dernier, il s'agissait ici d'une deuxième tentative, avec un retour de l'étage sous parachutes, un repêchage dans l'océan, puis une inspection approfondie à terre. Malheureusement, après le décollage à 13 h 11 heure de Paris le 15 mai, cette opération est passée au second plan, puisque le lancement s'est soldé par un cuisant échec. L'entreprise a cependant réussi à récupérer le premier étage… en catimini.

Il s'allume, puis s'éteint…

En effet, après 2 minutes et 35 secondes de vol, le premier étage a éteint ses neuf moteurs Rutherford avec succès pour s'éjecter et laisser l'action au moteur unique du deuxième étage. Hélas, ce dernier s'est éteint après quelques secondes à peine, condamnant le vol tout entier.

Selon l'entreprise, qui a immédiatement démarré son enquête pour déterminer les causes de cet échec, c'est l'ordinateur de bord qui a commandé l'arrêt moteur, répondant à un impératif de sécurité (pour ne pas trop dévier de sa trajectoire). Reste à plonger à la racine du problème.

De nombreux observateurs pointent des similitudes avec le cas de Vega (vol VV-17) en novembre dernier, dont le système de contrôle de la tuyère, mal câblé, avait également conduit à l'échec du vol. Dans tous les cas, l'investigation livrera sans doute ses conclusions rapidement, la liaison de données entre le lanceur et le centre de contrôle de Rocket Lab n'ayant pas été coupée au moment du problème.

L'entreprise s'est excusée publiquement pour cet échec, notamment envers son client unique, Blacksky, qui envoyait deux satellites en orbite basse sur ce vol. Par chance, il s'agit de satellites faisant partie d'une constellation d'observation de la Terre, et ces derniers sont construits « à la chaîne ». La perte de ces unités, en prenant en compte l'assurance, sera donc sûrement rapidement amortie. Space is Hard, comme le rappellent tous les opérateurs de lancement.

Le lanceur Electron sur son pas de tir avec les deux satellites Blacksky. © Rocket Lab
Le lanceur Electron sur son pas de tir avec les deux satellites Blacksky. © Rocket Lab

Les concurrents observent…

Reste que, tout comme le lanceur européen Vega, la fusée Electron de Rocket Lab a subi un revers difficile. Le public comme les clients ne lui avaient pas trop tenu rigueur de l'échec de l'année dernière, car la transparence de Rocket Lab sur le problème, les efforts pour retourner en vol rapidement et la réputation de « jeunesse » de ce lanceur avaient répondu aux attentes. Avec un deuxième raté en moins d'un an, certains clients pourraient être amenés à attendre la réponse de la concurrence.

En effet, même si ces derniers montent encore en puissance (et qu'une majorité n'a pas atteint l'orbite), l'offre se développe avec Virgin Orbit, Firefly Space, Relativity Space et ABL… Et ce ne sont que les Américains ! Il faudra à nouveau faire preuve de pédagogie et d'humilité tout en promettant un rythme de lancement élevé, car Rocket Lab espère entrer en Bourse cette année. Pour des opérations sereines, il ne faudra pas rester sur ce 3e échec en 20 vols…

Source :

SpaceNews