Un échec en vol et 20 satellites Starlink perdus le 12 juillet, et certains craignaient un coup d'arrêt à l'année record de SpaceX. Mais après avoir identifié l'erreur sur le deuxième étage de Falcon 9 et reçu l'autorisation de reprendre les vols, l'entreprise a réussi une impressionnante reprise, avec 3 vols en 30 heures.
Depuis le 12 juillet, le monde du spatial avait le regard rivé sur SpaceX et sa fusée étalon, Falcon 9. Car après un premier semestre record et 68 décollages réussis (plus de 340 décollages depuis l'échec précédent en 2016), les Américains devaient rapidement apporter des réponses. En effet, dans cette période de transition, de croissance et de mise en place de nouveaux lanceurs, Falcon 9 est très sollicitée pour des satellites, des constellations, des sondes interplanétaires, l'envoi d'astronautes…
Dans la foulée de cet échec, qui résulte d'une désintégration du moteur du deuxième étage lors de son rallumage en orbite, SpaceX avait tenté d'éjecter et de sauver les 20 satellites Starlink qu'il transportait. Peine perdue, et les autorités américaines avaient logiquement annoncé de leur côté s'associer à SpaceX pour une enquête. Dans les faits, Falcon 9 était donc clouée au sol. Mais en coulisses, les équipes s'affairaient sur deux fronts pour remettre le plus vite possible leur fusée sur ses sites de lancement.
Une enquête rapide
Le premier front était celui de l'enquête administrative, mise en place par la FAA (Federal Aviation Administration), en particulier concentrée sur la sécurité du vol. L'échec de Falcon 9 étant centré sur le deuxième étage de la fusée, SpaceX a rapidement obtenu le feu vert. Les équipes ont montré que ce souci ne pouvait causer de danger au sol, ni en vol, ni pour la retombée des débris (conforme aux plans d'urgence).
Il appartenait toutefois au constructeur d'identifier avec précision l'origine de cet échec, et surtout de le corriger ! Cette mission a mobilisé les équipes à Hawthorne, en Californie, où sont produits les étages. Elles ont livré leurs conclusions, moins de deux semaines après la désintégration des satellites.
C'est donc une fuite d'oxygène liquide qui a eu lieu depuis une ligne dédiée à un capteur de pression. Cette fissure, causée probablement par une attache mal serrée, n'a fait qu'empirer à cause des vibrations du moteur du deuxième étage allumé une première fois pour la mise en orbite initiale. Une fois la fuite déclarée, le moteur était déjà condamné. Gelés par la glace d'oxygène, les éléments n'ont pu tenir lors du redémarrage moteur, et ce dernier s'est désintégré. SpaceX corrige le problème en deux temps, d'abord en enlevant purement et simplement cette ligne et ce capteur (ils sont redondants), ensuite en renforçant les attaches et les contrôles sur les étages supérieurs encore en production.
Aussitôt autorisée, aussitôt en l'air
Une fois les risques posés pour la sécurité écartés, la cause identifiée et les corrections validées, la FAA et SpaceX se sont accordées pour que Falcon 9 reçoive à nouveau l'autorisation de voler. Le tout en 12 jours, processus record qui interroge certains, lorsque certaines enquêtes durent entre 8 et 10 mois pour faire le tour de tous les contrôles et méthodes de production.
Partialité ou non, SpaceX disposait dès vendredi de son sésame et en a profité ce week-end pour lancer une véritable rafale de décollages de Falcon 9. Trois tirs, dont deux depuis les sites situés en Floride et un dernier depuis la Californie, tous au service de Starlink, avec au total 67 satellites supplémentaires sur les bonnes orbites et trois premiers étages récupérés. Les habitudes n'ont pas été perdues en deux semaines.
25 décembre 2023 à 17h00
Source : SpaceNews