Starship n'a pas manqué son 4e rendez-vous avec l'espace. © SpaceX
Starship n'a pas manqué son 4e rendez-vous avec l'espace. © SpaceX

Les équipes de SpaceX n’ont pas perdu leur temps, ce nouveau décollage a eu lieu moins de trois mois après le précédent. Centré sur les objectifs liés à la récupération du booster et du vaisseau orbital, le test s’est transformé en un véritable spectacle grâce à des vues en continu et en direct. À la clé, un nouveau succès.

À la Starbase, sur le site de SpaceX à Boca Chica au Texas, les centaines d’employés continuent d’accélérer la cadence pour produire et tester les exemplaires de Starship et de leur gigantesque booster, le Super Heavy. L’ensemble forme la fusée la plus imposante (121 mètres) et la plus puissante ayant jamais volé. Reste qu’elle n’est pas prête à entrer en service, car il ne s’agit pas d’un lanceur « classique ». En effet, le booster comme le vaisseau sont destinés à être récupérés et réutilisés, il faut donc s’y entrainer et valider ces capacités. Les 3 premiers vols ont, dans une progression étalée sur un an, réussi à montrer que Starship pouvait désormais décoller régulièrement et atteindre l’espace. Le but de ce 4e vol était plutôt de réussir les étapes suivantes : le retour au sol du booster Super Heavy, et la traversée de l’atmosphère de retour de l’espace pour Starship. Contre toute attente, les deux objectifs sont réussis... Avec quelques marges de progrès !

Les flux vidéo du booster et du Starship n'ont pas flanché, assurant un superbe spectacle. © SpaceX
Les flux vidéo du booster et du Starship n'ont pas flanché, assurant un superbe spectacle. © SpaceX

Un lancement (déjà) classique

Le décollage a eu lieu ce 6 juin à 14 h 50, après un nouveau compte à rebours sans anicroche, équipes et matériels ayant subi plusieurs remplissages de test réussis ces dernières semaines. Starship s’est élancé dans le ciel du Texas, à la frontière avec le Mexique, avec 32 moteurs allumés. Pas 33 cependant, l’un d’entre eux ayant visiblement refusé de coopérer.

Qu’importe, le lanceur est conçu pour parer à cette éventualité et peut compenser cette perte... et il l’a fait avec brio. Le reste du trajet du booster B11 vers l’espace fut conforme aux attentes, y compris la séparation « à chaud » avec le Starship S29. Introduite avec le 2e vol, cette technique consiste à allumer les moteurs de l’étage supérieur alors que le Super Heavy n’a pas encore cessé sa poussée. Ensuite, Starship continue son voyage de son côté et Super Heavy effectue une manœuvre de retournement pour venir se poser.

Le booster se pose en mer !

S’agissant d’un prototype, SpaceX n’avait pas prévu que le booster revienne se poser « à terre », il devait amerrir à la verticale sur un point précis de l’océan, au large du site de lancement. Point qu’il a atteint avec une bien meilleure précision que lors du vol précédent ! Le freinage dans la dernière minute de vol est particulièrement puissant, et même si des débris ont pu être observés lors de la dernière phase, tout laisse à penser qu’en effet le Super Heavy B11 est bien arrivé à la verticale comme prévu sur la houle.

Le booster a ensuite logiquement basculé pour se coucher sur l’océan. SpaceX n’a pas prévu de le récupérer, il a probablement coulé rapidement une fois ses évents ouverts pour dépressuriser les réservoirs. L’opération s’est si bien passée qu’Elon Musk souhaite dès le prochain vol passer à la phase suivante, c’est à dire une récupération du booster grâce aux énormes bras robotisés présents directement sur la tour de lancement.

Quant au Starship, ce dernier a poursuivi son vol sans incident (et sans image) durant une cinquantaine de minutes, jusqu’à se trouver à 110 km d’altitude environ pour son plongeon dans l’Océan Indien. Une trajectoire suborbitale balistique qui correspondait là aussi aux paramètres prévus, et qui s’est mieux passée que lors du vol n°3, pour lequel Starship avait fini par perdre le contrôle de son orientation.

Couvert de tuiles sur la face avant, le vaisseau est équipé pour traverser l’ensemble de l’atmosphère et freiner grâce à son profil de vol, qui l’amène à seulement quelques centaines de kilomètres/heure et à une dizaine de kilomètres d’altitude. Contre toute attente, le S29 a d’ailleurs pu diffuser les images de deux de ses caméras durant toute la descente, y compris la traversée à plus de 26 000km/h des zones où les frottements atmosphériques généraient le plus de chaleur, puis de pression. Un grand succès en soi pour les équipes qui ont pu récupérer énormément de données.

Starship tient bon, au moment de passer sous l'altitude à laquelle son prédécesseur s'était désintégré. © SpaceX

Une fin de mission à suspense

Tout s’est-il bien passé lors de cette rentrée atmosphérique ? Non, en tout cas pas tout à fait. Était-ce dû aux trois tuiles volontairement manquantes sur la partie basse du lanceur ou à des échauffements, toujours est-il que Starship a un peu souffert. En particulier, juste devant la caméra, l’un des ailerons avant s’est progressivement déformé puis doucement désintégré, tout en restant attaché au Starship, et fonctionnel. À quelques kilomètres d’altitude, les caméras endommagées elles aussi laissaient penser que le vaisseau n’était pas en bon état, et pourtant !

De façon autonome, Starship a pu exécuter sa manœuvre de retournement pour passer d’une position ventrale à la verticale, et se poser en douceur sur la mer, transmettant jusqu’au bout ses images et ses précieuses valeurs de capteurs. Un succès qui correspond aux objectifs que SpaceX s’était donnés pour ce test, malgré quelques dégâts qui laissent de la marge pour de futures améliorations. Il n’y aura probablement pas d’enquête des autorités américaines sur ce vol, qui était finalement conforme à l’attendu !

Les dégâts sur l'aileron ? Mais non c'est rien, on continue. © SpaceX

En route pour le suivant ? Elon Musk et SpaceX n’ont pas le choix, ils doivent être ambitieux vu le programme dédié à Starship dans les années à venir !

Source : direct