L'un des rares visuels de Neutron. Deux étages, et de quoi se poser. Crédits : Rocket Lab.
L'un des rares visuels de Neutron. Deux étages, et de quoi se poser. Crédits : Rocket Lab.

Ce 1er mars, en plus d'annoncer son intention d'entrer en Bourse, Rocket Lab a rendu public son projet Neutron : un lanceur réutilisable de plus forte capacité que sa fusée Electron déjà en service. Le défi est de taille, mais RocketLab est idéalement positionné pour le mener.

Gare tout de même à la concurrence…

Manger son chapeau

« Chez Rocket Lab, les promesses sont tenues ». Tel était le message que Peter Beck, le P.-D.G. et fondateur néo-zélandais de l'entreprise tenait à faire passer en priorité. Et comme il avait à plusieurs reprises affirmé qu'il mangerait son chapeau si Rocket Lab s'engageait sur un lanceur plus puissant ou réutilisable… il ne s'est pas contenté de la métaphore, et a littéralement mangé un morceau de casquette à l'effigie de sa firme.

Derrière l'humour (et surtout la communication) se cachait la grande annonce. Après Electron, Rocket Lab s'engage sur le développement d'un lanceur plus grand, plus puissant et réutilisable, nommé Neutron. Le premier vol n'est pas attendu avant 2024.

Proton, Electron, Neutron ?

Avant de dévoiler Neutron, Rocket Lab a semble-t-il amplement étudié les caractéristiques des lanceurs sur le marché pour se positionner. En effet, il disposera de performances comparables à celles de Soyouz (8 tonnes en orbite basse), que l'on ne retrouve nulle part dans l'offre occidentale : il n'y a pas vraiment d'offre concurrentielle entre 1,5 et 15-20 tonnes de capacité aux États-Unis. Avec une fusée aussi puissante que Neutron, Rocket Lab pourra se permettre d'attaquer de front le marché des grandes constellations de satellites comme Starlink et OneWeb. Ces deux dernières ont déjà des lanceurs attribués, mais d'autres sont encore ouvertes aux propositions, comme LightSpeed de Telesat (dévoilée il y a quelques semaines) ou Kuiper d'Amazon.

Rocket Lab compte aussi étendre ses contrats actuels avec le département de la défense américain et la NASA, et ne s'en cache pas : les caractéristiques de Neutron font déjà mention d'une capacité de 1 500 kg vers Venus ! Le lanceur décollera d'abord de Wallops (Virginie) et sera assemblé aux États-Unis. Il faudra d'ailleurs que Rocket Lab précise quelles seront les capacités de ses nouveaux moteurs : Rutherford, le moteur d'Electron, n'est pas assez puissant pour propulser cette génération avancée.

Avec 18 lancements de sa fusée Electron, l'entreprise compte aussi sur son image de marque établie. Crédits : Rocket Lab
Avec 18 lancements de sa fusée Electron, l'entreprise compte aussi sur son image de marque établie. Crédits : Rocket Lab

Un gros carnet de chèques

Dernier point, Neutron sera « adaptée au vol habité ». Ce qui en dit trop… ou pas assez : les véhicules spatiaux utilisés aujourd'hui par la NASA (Crew Dragon de SpaceX et Starliner de Boeing) sont trop lourds. Idem pour la future petite navette DreamChaser. De quoi imaginer une future petite capsule spatiale à l'identité néo-zélandaise ?

Dans la foulée, et comme si cela ne suffisait pas, Rocket Lab a annoncé que l'entreprise allait entrer en Bourse. Elle sera valorisée à environ 4,1 milliards de dollars sur les marchés américains (car son siège social est à Long Beach) grâce à une fusion avec le fonds d'investissement Vector Acquisition Corp. De quoi soutenir les importants financements à venir, rendre les activités de lancement rentables et développer l'activité « composants » de Rocket Lab (plateformes satellites, éjecteurs, antennes, etc.). L'entreprise voit les choses en grand…

Source : Engadget