Ce premier étage récupéré ne sera pas réutilisé. Crédits Rocket Lab
Ce premier étage récupéré ne sera pas réutilisé. Crédits Rocket Lab

Après plusieurs tests lors des décollages précédents, Rocket Lab a cette fois réussi à récupérer le premier étage d'un lanceur Electron, sans oublier la mission principale, qui a permis d'envoyer 30 satellites en orbite.

La campagne de tir était bien nommée : « Retour à l'envoyeur »…

Un gnome et une bonne pèche

Ceux et celles qui pensaient que Rocket Lab lèverait le pied de l'accélérateur suite à son échec au mois de juillet (vol Electron n°13) n'auraient pas imaginé assister à une telle fin d'année !

2020 n'a pas été facile pour Rocket Lab, entre cet échec, les restrictions dues à la crise COVID-19, les soucis de transport vers la Nouvelle-Zélande et la NASA qui prend des mois de retard pour certifier le système de sauvegarde en vol de leur pas de tir en Virginie… Mais tout ça n'a pas empêché les équipes de poursuivre leurs efforts de récupération du premier étage, entamés l'année dernière avec le décollage numéro 10.

Ce 20 novembre à 03h20 (Paris), Electron a décollé pour son 16ème vol emportant 30 satellites et un gnome. Et en plus de la réussite de la mission en orbite basse, les équipes ont eu la joie de pouvoir récupérer le premier étage du lanceur avec ses neuf moteurs Rutherford.

Le gnome Chompsky a vu du pays. Crédits RocketLab
Le gnome Chompsky a vu du pays. Crédits RocketLab

Une fusée qui fait du parachute

À noter que Rocket Lab n'utilise pas la même technique que SpaceX, même si le début de la manœuvre est identique : après son action pour propulser le deuxième étage d'Electron au-dessus de l'atmosphère et à haute vitesse, les moteurs sont coupés. Ils ne seront pas rallumés, l'étage de 12 mètres de long n'ayant pas une marge suffisante pour embarquer plus de carburant. L'étage effectue alors une parabole, et traverse ensuite l'atmosphère de haut en bas, moteurs en avant.

Sa faible masse et son orientation lui permettent de se freiner « juste » avec les frottements, avant d'ouvrir un imposant parachute une fois la vitesse devenue subsonique. Dans le schéma de récupération de Rocket Lab, un hélicoptère devrait venir récupérer l'étage en vol, avant de le déposer sur un navire spécial.

Cette dernière étape était absente de l'essai du 20 novembre, qui a tout de même permis de récupérer le booster couché sur l'océan. Ramené dans les ateliers de Rocket Lab ce weekend, il a été inspecté une première fois et il serait en excellent état. Quelques modifications doivent tout de même encore améliorer le concept, qui sera testé une nouvelle fois en janvier.

Un chapeau très épicé

Le patron et fondateur de Rocket Lab, Peter Beck, a indiqué que produire un étage principal pour le lanceur Electron prenait actuellement environ 30 jours, avec l'objectif de le ramener à 18 jours l'année prochaine. L'année dernière, Peter Beck affirmait qu'il allait « manger son chapeau », faisant référence à des propos de 2015-2016 dans lesquels il affirmait qu'il ne viserait pas la réutilisation du lanceur ; aujourd'hui il espère surtout une cadence de vols améliorée grâce à cette réutilisation. D'autant que les coûts pourraient eux aussi baisser, car malgré les améliorations apportées aux étages, les dépenses de production n'ont pas significativement varié.

Reste encore à confirmer le bon état de l'appareil, avant de passer à la dernière étape : ramener le premier étage sur le pas de tir pour un deuxième vol vers l'espace. Rappelons qu'hier SpaceX, seule société à opérer actuellement des lanceurs orbitaux partiellement réutilisables, a réussi le septième décollage d'un même booster…