Le 4 juin 2010, une nouvelle fusée décollait de Cape Canaveral, véritable pari pour SpaceX. Dix ans plus tard Falcon 9, le lanceur à tout faire de l'entreprise a tenu toutes ses promesses.
La fusée a encore décollé cette nuit à 03h25 (heure de Paris) emportant 60 nouveaux satellites de la constellation Starlink.
Un pari gagnant
À force de le voir décoller une ou deux fois par mois, Falcon 9 est aujourd'hui un lanceur ancré dans le paysage spatial. Avec 87 missions au compteur aujourd'hui, il ne totalise que deux échecs et une mission partiellement ratée, que l'on pourrait mettre sur le compte de ses débuts, puisque SpaceX peut s'enorgueillir de 58 succès consécutifs !
Il ne s'agit certes pas d'un record, mais sa fréquence de vol en fait l'une des références mondiales. Pourtant, lors de son vol inaugural à Cape Canaveral le 4 juin 2010, les équipes étaient loin d'afficher une telle assurance.
Sur un site de lancement assemblé à la va-vite avec des pièces récupérées, SpaceX tentait le pari de foncer vers l'orbite avec un ensemble de neuf moteurs Merlin sur le premier étage, et un dixième en configuration adaptée au vide sur le second étage : une formation inédite… L'entreprise avait alors abandonné le développement d'un autre lanceur intermédiaire, Falcon 5.
Dans un article d'Ars Technica, le journaliste Eric Berger raconte même comment le premier vol a pu décoller à temps grâce à un coup de sèche-cheveux sur l'électronique du second étage. Et pour le deuxième vol, c'était une tuyère raccourcie sur le pas de tir, après la découverte d'une fissure…
Le choix de la réutilisation
Depuis, Falcon 9, dont le développement initial était financé par la NASA avec le programme de capsule cargo Dragon à destination de l'ISS (quasiment 400 millions de dollars entre 2006 et 2010, bien plus ensuite), a gagné ses lettres de noblesse. Et ce, en envoyant 20 fois la capsule Dragon en orbite, en embarquant la semaine dernière ses premiers astronautes, mais aussi grâce à ses missions commerciales à bas coûts pour la plupart des opérateurs de satellites dans le monde.
Falcon 9 a beaucoup évolué depuis ses premières versions, doublant sa capacité d'emport en orbite.
Et si aujourd'hui SpaceX est la seule entreprise à réutiliser le premier étage d'un lanceur orbital (même si d'autres sont sur le même chemin), c'est aussi grâce à Falcon 9. Les essais démarrés dès 2010-2011 ont fait le succès de la méthode « teste, rate, corrige, reteste », devenue chère à la firme basée à Hawthorne en Californie.
Le 22 décembre 2015, Space X réussit à faire atterrir un premier étage de Falcon 9 avec succès. Le 31 mai 2017, pour la première fois un client commercial bénéficie d'un étage réutilisé. Depuis, c'est devenu une routine pour les équipes de SpaceX et pour les spectateurs des décollages de voir cet immense ensemble technologique de 44 mètres de haut se poser à terre ou sur une barge à chaque lancement.
La réutilisation du premier étage de Falcon 9 est-elle rentable ? SpaceX assure que oui, mais ne dévoile pas ses chiffres. Une chose est certaine, la méthode est extensivement utilisée : ces derniers 18 mois, SpaceX n'a produit que quatre nouveaux boosters de Falcon 9…
Sur ce lanceur, l'entreprise tente également de récupérer les coiffes, rencontrant pour le moment un succès mitigé avec ses deux bateaux spécialisés, équipés d'un grand filet. Plusieurs exemplaires, repêchés dans l'Atlantique, ont déjà volé à deux reprises.
Starlink et Starlink encore
En 2020, SpaceX est son propre client : l'entreprise utilise et réutilise Falcon 9 pour mettre en place sa constellation de connectivité internet, Starlink. Il y a maintenant environ 480 satellites en orbite, puisqu'une mission a décollé cette nuit avec 60 nouvelles unités, à 03h25 (Paris) depuis Cape Canaveral.
Un « vol anniversaire » qui s'est très bien déroulé, puisqu'en plus d'éjecter les satellites comme prévu, le premier étage, qui effectuait son cinquième vol est revenu se poser sur la barge « Just Read The Instructions » positionnée au large des côtes. Rappelons que si Starlink n'est pas encore en service (une part importante des satellites ne sont pas encore bien positionnés) l'armée américaine a signé un accord avec SpaceX pour tester le système en avant-première.
Source : Ars Technica