Si vous pouviez "voir" les rayons X, ce serait votre ciel. Crédits Jeremy Sanders, Hermann Brunner and the eSASS team (MPE); Eugene Churazov, Marat Gilfanov (on behalf of IKI)
Si vous pouviez "voir" les rayons X, ce serait votre ciel. Crédits Jeremy Sanders, Hermann Brunner and the eSASS team (MPE); Eugene Churazov, Marat Gilfanov (on behalf of IKI)

Embarqué sur la mission russe Spektr-RG, le télescope eROSITA a détecté plus d'un million de sources différentes d'émissions en bande X dans l'intégralité du ciel.

C'est le double des découvertes de ces 60 dernières années !

Mieux que la carte Kiwi

182 jours à examiner autour de lui à 360 degrés, c'est le temps qu'il a fallu à eROSITA pour produire cette nouvelle « carte » des sources énergétiques de l'univers visible. Après un décollage le 13 juillet 2019, puis un voyage de plusieurs semaines pour se rendre au point de Lagrange Terre-Soleil L2 à 1,5 millions de kilomètres de notre planète, les deux télescopes jumelés (eROSITA et ART-XC) ont démarré leurs observations scientifiques. Objectif ? Scanner le ciel et détecter le plus de sources possibles d'événements énergétiques à l'origine d'émissions en bande X. Le 11 juin, eROSITA transfère les dernières données et… Ceci est une révolution !

Un million de sources différentes, réunies sur une seule carte du ciel. « Cette image globale change complètement la façon dont on appréhende notre univers énergétique », explique Peter Predehl, responsable scientifique d'eROSITA « Le niveau de détail est impressionnant ».

Un trésor sans précédent

C'est tout simple, sur cette image de l'univers qui nous entoure, eROSITA a détecté plus d'émissions en bande X que les télescopes orbitaux de ces 60 dernières années ! L'astronomie en bande X vient de faire un grand bond en avant.

La carte du ciel est quatre fois plus résolue que celle de ROSAT produite il y a 30 ans, et contient dix fois plus de sources. Trous noirs, clusters de galaxies, supernovas, étoiles binaires à neutrons, l'inventaire à la Prévert des événements qui sont parmi les plus extrêmes de l'univers servira de base d'étude pour les années à venir.

La carte, avec quelques uns des principaux "points visibles" détaillés. crédits  Jeremy Sanders, Hermann Brunner, Andrea Merloni and the eSASS team (MPE); Eugene Churazov, Marat Gilfanov (on behalf of IKI)
La carte, avec quelques uns des principaux "points visibles" détaillés. crédits Jeremy Sanders, Hermann Brunner, Andrea Merloni and the eSASS team (MPE); Eugene Churazov, Marat Gilfanov (on behalf of IKI)

« Nous attendions cette carte d'eROSITA avec impatience. De grandes observations du ciel visible ont déjà révélé beaucoup de choses dans différentes bandes de fréquence, avec d'impressionnantes résolutions… Et maintenant nous pouvons les comparer avec les données en bande X », détaille Mara Salvato, scientifique du projet. « Ces résultats communs, qui vont donner lieu à de nouvelles observations, nous en diront beaucoup sur la nature des événements mesurés. En plus, on voit régulièrement des dégagements d'énergie jusqu'ici inconnus avec eROSITA, il faudrait qu'on se coordonne avec d'autres télescopes au sol pour réagir rapidement et les observer juste après la détection ».

Six cartes supplémentaires !

S'il n'est pas banal de communiquer avec un instrument à 1,5 million de kilomètres du laboratoire, les scientifiques ont récupéré environ 165 Go de données durant ces six derniers mois, et se préparent déjà pour les séquences à venir.

Cette carte du ciel est en effet la première sur sept qui sont prévues, sur 3,5 années d'observation. En combinant les données de ces campagnes de mesure, la résolution augmentera encore, et permettra d'affiner drastiquement les résultats. Après des années de retard et de nombreux reports, toute la communauté astronomique peut se réjouir du succès de Spektr-RG et de ses télescopes.