© Anton Massalov/Pexels
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L'éclairage public reste nocif pour l'environnement, malgré des évolutions notables au cours des dernières années.

Les lampes LED ont remplacé les technologies utilisées depuis plusieurs décennies pour éclairer nos rues. Consommant moins d'énergie pour des résultats similaires, elles sont fortement encouragées par les pouvoirs publics qui y voient une solution idéale pour réduire les factures d'électricité et cocher la case écologique. Cependant, cette technologie a ses propres défauts, et sa généralisation a son propre impact sur l’environnement.

Des données satellites pas assez exhaustives

Les étoiles disparaissent du plafond urbain. Ce constat n'est pas récent, mais le militantisme de nombreuses organisations fait évoluer les choses progressivement. S'il faut préserver les observatoires astronomiques dont le ciel nocturne est grignoté par l'urbanisation, il s'agit aussi d'offrir aux générations futures la possibilité de le contempler aussi bien que possible.

Hélas, le constat présent est peu réjouissant. Selon Christopher Kyba, chercheur au centre GFZ de Potsdam, la luminosité ambiante causée par la lumière artificielle augmente de 10 % par an. À ce rythme, un enfant né aujourd'hui sous un ciel comptant 250 étoiles ne pourra en voir que la moitié lorsqu'il atteindra sa majorité.

Kyba et son équipe ont voulu mener une nouvelle étude sur le sujet. Ils ont croisé deux approches différentes pour la mener : en plus des données obtenues par des satellites, ils ont sollicité des milliers de contributeurs pour observer le ciel. À l'aide de cartes, ceux-ci ont pu identifier la quantité d'étoiles visibles, et ainsi permettre une évaluation de la pollution lumineuse depuis la Terre, plus exhaustive.

La lumière bleue est mise en cause

Avec 51 351 observations recueillies, les chercheurs ont pu constater ce que les satellites ne peuvent pas relever. En effet, si l'atmosphère terrestre est capable de retenir une partie de la lumière issue des étoiles, elle est aussi susceptible de retenir une partie de celle que nous émettons. Par conséquent, elle n'est pas entièrement perceptible depuis l'espace.

De plus, les appareils de prise de vue de nos satellites ne sont pas conçus pour bien capter certaines longueurs d'onde de la lumière bleue. Or, les lampes utilisées aujourd'hui émettent une plus grande quantité que celles-ci, car les diodes qui les équipent consomment moins d'énergie, faussant ainsi les données obtenues.

L'éclairage urbain actuel est conçu pour émettre davantage vers le sol plutôt que vers le ciel, ce qui permet de résoudre dans une certaine mesure le problème de la pollution lumineuse. Cependant, comme les ampoules LED consomment moins d'énergie, de nombreuses collectivités ont pu éclairer leurs rues avec plus d'intensité sans dépasser leur budget, souvent dans le but d'améliorer la sécurité des villes. Les rayons lumineux ayant la fâcheuse tendance à rebondir sur les surfaces, nous nous retrouvons donc avec des rues éclairant davantage et malgré elles, le ciel de manière indirecte.

Si les effets de cette pollution sont observables en levant les yeux la nuit, elle a également un impact significatif auprès des êtres vivants. Elle affecte les cycles biologiques et les interactions entre espèces, déstabilisant alors l'activité nocturne de la faune, et influençant dans le même temps la biodiversité. D'autant que la lumière bleue a un important pouvoir de diffusion, jusqu'à seize fois plus que la lumière rouge par exemple, éclairant ainsi des endroits qui ne le seraient pas autrement.

Source : Reporterre