La lumière bleue émise par nos écrans et certains jouets pour enfants inquiète. Accusée de fatiguer nos yeux et d'augmenter les risques de pathologies oculaires, elle interroge. Mais qu'en est-il vraiment ? Faut-il s'en protéger à tout prix ?
Écrans d'ordinateurs, smartphones, tablettes, télévisions... Ces appareils omniprésents dans notre quotidien émettent tous de la lumière bleue. Cette partie du spectre lumineux, située à l'extrémité froide, soulève des interrogations quant à son impact sur notre santé visuelle. Les fabricants de lunettes et les développeurs d'applications n'ont pas tardé à proposer des solutions censées nous en protéger.
Pourtant, les avis des spécialistes divergent sur la réalité des risques encourus. Alors, les inquiétudes sont-elles légitimes ou au contraire exagérées pour des raisons purement mercantiles ? Clubic fait le point sur ce que l'on sait vraiment des effets de la lumière bleue sur nos yeux.
La lumière bleue, bouc émissaire de notre fatigue visuelle ?
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la lumière bleue n'est pas la principale responsable de notre fatigue oculaire liée aux écrans. Le Dr Vincent Dedes, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), explique : « Le travail prolongé sur écran provoque un effort visuel en vision intermédiaire et un ralentissement du clignement : cela explique la sensation de fatigue et la sensation de sécheresse oculaire ».
Plutôt que d'incriminer la lumière bleue, les spécialistes pointent du doigt notre comportement face aux écrans. Le Dr Christophe Orssaud, ophtalmologue et médecin responsable du centre de référence des maladies rares en ophtalmologie (OPHTARA) souligne que « les enfants peuvent rester à les regarder pendant longtemps parce que ça les attire. Et ça peut finir par être toxique pour leurs yeux ». Ce n'est donc pas tant la lumière bleue en elle-même qui pose problème, mais notre utilisation intensive des appareils qui l'émettent.
Les experts s'accordent sur le fait que les lunettes anti-lumière bleue ne sont pas la panacée. Le Dr Dedes affirme : « Il n'y a pas de preuves scientifiques suffisantes d'un intérêt médical pour les patients de ces verres filtrant la lumière bleue ». Il recommande plutôt des solutions simples comme « l'installation ergonomique du poste de travail, le relâchement de l'accommodation régulièrement (regarder au loin toutes les 15-20 minutes) et penser à cligner des yeux ».
L'Anses tire la sonnette d'alarme sur les jouets à LED pour enfants
Si la lumière bleue des écrans semble moins nocive qu'on ne le pensait, celle émise par certains jouets pour enfants inquiète davantage les autorités sanitaires. L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a récemment recommandé la révision d'une norme européenne relative à la sécurité des jouets comportant des LEDs.
Le Dr Orssaud explique pourquoi les enfants sont plus vulnérables : « L'enfant a des yeux qui sont totalement transparents et qui laissent passer toute la lumière, y compris la lumière bleue, qui est potentiellement plus toxique à cet âge-là ».
L'Anses craint que l'exposition excessive à cette lumière puisse contribuer à augmenter le risque de glaucome ou de DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge) à l'âge adulte.
C'est pourquoi l'agence préconise un retour à la norme de 2005, plus protectrice que celle de 2020. En attendant une éventuelle mise à jour, les experts conseillent aux parents de limiter l'utilisation de LEDs pour les enfants ou de choisir des couleurs moins agressives comme le rouge ou l'orangé. Ils recommandent également un éclairage tirant sur le jaune plutôt que le blanc pour les chambres d'enfants.
Source : FranceInfo, Slate, Anses