Les deux grands rovers de la NASA sur la planète rouge ont chacun leurs défis. Pour le doyen Curiosity, c'est de pouvoir progresser dans de gros dénivelés avec des blocs de pierre… Et pour son cousin plus jeune, de prélever de nouveaux échantillons pour qu'ils soient un jour ramenés sur Terre. Pas facile !
Malgré 20 ans d'expérience, piloter les robots sur place reste un vrai challenge !
Premier de cordée
Sur les pentes du piémont du mont Sharp, Curiosity approche de ses 11 ans sur la planète rouge. Le rover de la NASA a bien progressé dans les premiers mois de cette année, en réussissant à grimper pour sortir d'un petit canyon qu'il explorait depuis pratiquement un an… Mais ses avancées ne sont pas aisées. D'abord, la pente est toujours significative, mais surtout le sol est parsemé de blocs de sédiments de 20 à 40 centimètres de diamètre, posés sur du sable. Un terrain difficile, le robot ayant tendance à s'enfoncer (de quelques centimètres) dans le sable tandis que les équipes déploient des trésors d'ingénierie pour éviter qu'il s'abîme les roues à grimper sur des blocs. Jusqu'ici, même si visuellement il y a des dégâts, la NASA et le JPL ne sont pas trop inquiets : ça ne limite pas sa mission, mais il faut faire attention !
Ainsi la semaine dernière, Curiosity s'est-il avancé plusieurs fois de 4 à 5 mètres avant de devoir revenir en arrière faute d'un passage satisfaisant : les équipes au sol viennent de lui choisir un trajet un peu plus à l'est. Curiosity a dépassé les 30 kilomètres parcourus au sein du cratère de Gale depuis 2012, et il fore régulièrement le sol pour en étudier les propriétés dans son petit laboratoire embarqué. En mai, il est resté 3 semaines sur le site « Ubajara » pour forer et analyser son échantillon (une durée classique).
Percy passe et perce
Pour Perseverance, le problème est presque inverse. La NASA et le JPL ont fait un travail exceptionnel pour améliorer la mobilité par rapport à Curiosity, et le plus gros rover de l'agence américaine (presque une tonne) arrivé sur place en 2019 se déplace sur un terrain plus facile. Il est depuis deux mois à côté du grand cratère Belva, dont il fait le tour tout en analysant le sol et les roches. Ces dix derniers jours, les équipes ont tenté à plusieurs reprises de collecter des échantillons (les siens ne sont pas analysés sur place, ils sont placés dans des tubes scellés pour un futur retour sur Terre), mais le long de Belva, le sol n'est pas très propice. Il s'émiette très rapidement, résultat la foreuse n'arrive pas à garder assez de matière pour la transférer dans les tubes. Pire, c'est un type de sol que les scientifiques tentent de s'interdire car l'an dernier, des « miettes » de sédiments étaient venus se ficher dans le mécanisme de rotation des tubes, ce que tout le monde tient à éviter (pas question qu'il se grippe). La situation se débloquera dès que Perseverance aura réussi à trouver un site plus approprié, ce n'est qu'une question de mètres, et donc de jours à chercher. Ensuite, il s'en ira plus au nord-ouest.
Pas de vol sur Mars en ce moment ?
Il reste aussi à savoir si le petit hélicoptère Ingenuity saura suivre Perseverance dans ses aventures. Après un vol réussi en avril, ce dernier avait communiqué sans problème et envoyé ses données. Les équipes lui avaient même planifié un 52e vol, mais ce dernier n'a pu avoir lieu depuis. En cause ? Des communications erratiques, des journées entières pour collecter assez d'énergie avec son petit panneau solaire… Il est possible que tout cela ne soit que transitoire, mais le petit multirotor pourrait également avoir signé sa fin de carrière (qui serait très honorable avec deux années de service, des kilomètres parcourus et 51 vols sur trois essais prévus à l'origine !). Dans tous les cas, si Perseverance reprend sa route et s'éloigne trop sans qu'Ingenuity ne puisse suivre, alors sa mission sera terminée : le petit véhicule a besoin des antennes du rover pour envoyer ses données et recevoir ses instructions.
Source : mars.nasa.gov