Voilà plus d'un mois que le rover Perseverance est posé sur la surface de Mars, dans l'ancien cratère Jezero. Tous les voyants sont au vert, et la campagne de test se poursuit. Les équipes préparent, dans les prochains jours, le déploiement du petit hélicoptère Ingenuity.
Le tout dans un bruit de crissement assez impressionnant.
Hélicoptère en vue !
La semaine à venir sera une fois de plus cruciale pour les opérations avec le rover Perseverance. Même si cette fois, ce n'est pas le grand robot à roues qui sera au centre de l'attention, mais le petit véhicule qu'il transporte sous son ventre depuis son décollage de Floride en juillet 2020. En effet, les étapes se succèdent pour déployer le petit hélicoptère Ingenuity qui sera, si tout se passe bien, le premier drone à décoller depuis une autre planète, et ce, d'ici deux semaines environ.
Les équipes du JPL ont confirmé il y a quelques jours qu'un site a bien été identifié pour déposer l'hélicoptère, puis l'observer (de loin) dans ses premiers essais grâce à Perseverance.
Dans la foulée ce week-end, le cache qui protégeait l'appareil a été déposé au sol avec succès : il n'y a plus qu'à rouler vers le site, puis à basculer Ingenuity sur le côté, à étendre ses quatre pieds et à le laisser à son tour sous le bas de caisse. Des opérations qui peuvent paraître triviales, mais qui sont toutes critiques… Il n'y a pas de marge d'erreur pour ce projet.
Après quelques tests de communication entre Ingenuity et le rover, ce dernier évacuera le site pour laisser le petit hélicoptère birotor s'envoler (pas question de faire courir le moindre risque à la mission principale).
Des essais, et encore des essais
Perseverance est toujours actuellement en phase de test, ce qui peut paraître long lorsque certaines missions robotisées ne dépassent pas quelques heures, voire quelques jours d'activité. Il faut toutefois prendre en compte la durée globale de la mission de Perseverance, que les équipes espèrent aujourd'hui au moins aussi longue que celle de son prédécesseur, Curiosity (toujours en activité neuf ans après son décollage).
Les activités scientifiques sont déjà en cours, mais la priorité est donnée aux déploiements et innombrables étalonnages. Depuis début mars, les essais se multiplient avec l'ensemble instrumental SuperCam, et le CNES a déjà expliqué à l'occasion d'une conférence de presse que le laser, les spectromètres et son microphone donnaient les résultats attendus, ouvrant une nouvelle gamme de mesures à la surface de Mars (y compris l'étude du vent).
La NASA a publié il y a quelques jours une nouvelle séquence audio au cours de laquelle on entend Perseverance rouler, à écouter via le lien en source.
Étirements et tirs laser
De la même façon depuis une dizaine de jours, Perseverance étend son bras robotisé. Après les tests des articulations, ce fut le tour la semaine passée de ses différents instruments, le spectromètre à rayons X PiXL, le spectromètre ultraviolet SHERLOC et son assistante la petite caméra WATSON. Seul le foret est resté silencieux pour le moment, mais la NASA a donné la priorité aux opérations avec l'hélicoptère Ingenuity pour le moment. Ce qui n'empêche pas les équipes de géologues et planétologues de proposer et d'étudier différentes cibles pour le premier forage.
S'agissant d'un rover dont le cœur de la mission est de collecter des échantillons de sites à haut intérêt scientifique pour pouvoir (un jour) les récupérer grâce aux véhicules du projet « Mars Sample Return », le premier forage ne consistera évidemment pas qu'à creuser les sédiments à la surface. Ce sera l'occasion de tester toute la chaîne de conditionnement des échantillons présente sur le rover, à savoir le système de collecte des poussières au bout du bras, le transfert des échantillons au cœur de la caisse du véhicule grâce à son plateau tournant sur l'avant, et le système de tri et de gestion des tubes, qui dispose de son propre bras robotisé à l'intérieur de Perseverance.
Le cache protégeant les précieux tubes a d'ailleurs lui aussi été largué la semaine dernière, ce qui est de bon augure pour les tests à venir. Et indispensable pour espérer un jour « planter » les tubes sur des sites spécifiques pour qu'ils soient récupérés.
Tous les chemins mènent au delta
Enfin, la NASA n'a pas encore précisé si elle comptait emprunter le chemin nord ou sud pour contourner la zone crevassée près de laquelle Perseverance s'est posé. Pour la suite de sa mission, après les essais de vol, il devra prendre cap à l'Ouest pour parcourir le delta du cratère Jezero, mais cela imposera dans tous les cas un détour de quelques centaines de mètres pour éviter de trop mettre à l'épreuve ses capacités de franchissement.
Deux scénarios sont à l'étude et en débat parmi les équipes scientifiques, avec constat cruel, mais habituel sur Mars : il y a tant à observer qu'il faudra malheureusement se limiter aux sites les plus prometteurs.