Le rover le plus capable de l'agence américaine progresse sur Mars. Bientôt sorti du cratère Jezero, il peut à nouveau utiliser SHERLOC, son spectromètre à très courte distance, monté tout au bout de son bras robotisé. Les équipes du laboratoire JPL ont trouvé une manière de l'utiliser quand même.
Perseverance a bien progressé ces derniers mois. Après avoir dépassé le petit hélicoptère autonome Ingenuity, désormais immobilisé, le grand rover de presque une tonne a remonté le lit de la vallée de Neretva, qui l'emmène aux contreforts du grand cratère Jezero. Le rover y roule depuis maintenant 3 ans, avec 27 kilomètres au compteur, et il se dirige vers la sortie. Mais il n'y a pas de raison de se presser.
D'abord, il faut étudier le sol, et la présence de très nombreuses roches affleurantes aux sédiments variés, aux veines affleurantes et aux différents nodules montre que la région fut (comme cela avait déjà été montré auparavant) un goulet qui fut aussi le lit d'une rivière. L'un des objectifs scientifiques de cette région est de prouver les importantes interactions entre les roches et l'eau grâce aux traces d'érosion et à la présence de sédiments charriés par les courants. Et pour aider dans cette étude, Perseverance va pouvoir compter sur son instrument SHERLOC, tout juste officiellement débloqué pour un usage intensif !
Élémentaire, mon cher…
En janvier dernier, les équipes de la NASA avaient eu la désagréable surprise de constater que le SHERLOC (Scanning Habitable Environments with Raman and Luminescence for Organics and Chemicals) était inutilisable, et ce, pour une raison très embarrassante : le cache amovible de l'instrument ne se découvrait plus. La faute à un minuscule moteur électrique, probablement bloqué avec l'usure et le froid.
En quelques semaines les équipes d'ingénieurs au JPL (Jet Propulsion Laboratory) ont tout essayé, y compris orienter le bras vers le soleil, activer la perceuse à percussion à côté ou faire des tests avec le « double » du rover Perseverance dans les locaux de Californie. En mars, les efforts ont partiellement payé, SHERLOC pouvait prendre des mesures, mais le pointeur qui lui sert pour étalonner son focus reste masqué et inopérant. Il fallait donc savoir à quelle distance optimale du sol pouvait fonctionner l'instrument.
Besoin d'un bon focus
Et pour cela, les ingénieurs ont testé et testé encore sur les cibles dédiées disposées sur le rover, y compris un labyrinthe tout particulier avec en son centre le très célèbre détective anglais Sherlock Holmes.
Ces efforts ont payé, puisque l'on sait désormais que l'instrument doit être placé très précisément à 4 centimètres du sol pour fonctionner de façon optimale. Cela ne pose aucun problème pour le bras robotisé, lequel peut être piloté par de minuscules incréments d'un quart de millimètre. Une affaire de précision !
25 décembre 2023 à 17h00
Source : NASA