Le rover VIPER, en attente en salle blanche, sera... démantelé © NASA
Le rover VIPER, en attente en salle blanche, sera... démantelé © NASA

L'agence américaine jette l'éponge, citant les retards et dépassements budgétaires. Pourtant, le rover est prêt, et la NASA choisit de conserver le lancement de son atterrisseur… à vide. Cette décision interroge et désespère les scientifiques américains : les mesures étaient très attendues. Un véritable recul.

C'est un coup de tonnerre qui résonne autour de la NASA depuis ce 17 juillet. En fin de journée, l'agence américaine annonçait sans signes avant-coureurs que le véhicule lunaire autonome VIPER (Volatiles Investigating Polar Exploration Rover) était purement et simplement abandonné. Ce n'est pas la première fois cette année que l'administration fait des choix difficiles, ce qui s'explique par un budget stable, en légère baisse, l'inflation qui touche les sous-traitants et une année électorale riche en incertitudes. Pourtant, bien peu imaginaient que ce projet en particulier était menacé. Et pour une bonne raison : le rover est prêt.

Ce n'est pas un projet de papier, l'exemplaire de vol, assemblé pour partir sur la Lune en 2025, est en salle blanche avec ses instruments installés. Il a même passé une grande partie de ses tests pré-vol. Mieux, il est prêt depuis 2023. S'il n'a pas décollé depuis, c'est à cause du retard de sa plateforme d'atterrissage, que la NASA a confié en partenariat public-privé à l'entreprise Astrobotic.

VIPER au poing

La décision de l'agence américaine semble d'autant plus incompréhensible que VIPER, qui est en préparation depuis plus d'une décennie (le projet s'appelait un temps Lunar Prospector) présente un intérêt scientifique particulièrement important en vue des futures missions américaines.

Conçu pour traverser de grandes distances en se hissant dans les cratères lunaires grâce à son système de suspension et de roues conçues pour grimper des pentes importantes dans le régolithe, VIPER est équipé d'une vision stéréoscopique, d'une foreuse d'un mètre de profondeur et de spectromètres spécialisés dans l'étude du sol.

En particulier, sa mission était centrée sur la mesure de la présence d'eau à la surface et juste sous la surface… Une priorité pour les Américains, alors même que d'autres nations (la Chine en tête) font rouler leurs rovers et rapportent déjà des échantillons lunaires. VIPER était plus grand, plus lourd que ses contemporains. Plus cher aussi ?

Le rover VIPER ne roulera pas sur la Lune. À moins que... © NASA / H. A. Vargas
Le rover VIPER ne roulera pas sur la Lune. À moins que... © NASA / H. A. Vargas

Une justification difficile

Enfin, dernier élément qui génère des critiques dans cette annonce, VIPER est annulé, mais la plateforme Griffin d'Astrobotic, la raison même du retard de cette mission, est conservée ! Désormais prévue pour un décollage au début de l'automne 2025, la NASA enverra une expérience test, ou pire, une masse simulée sur l'atterrisseur, à la place du rover VIPER.

Depuis l'annonce, les appels à l'aide des scientifiques et des équipes en lien avec le projet vont bon train. Et ce n'est pas uniquement pour que la NASA change d'avis, mais aussi pour attirer d'éventuels mécènes au bras long. Car l'agence américaine a laissé une petite porte de sortie honorable à son rover : celle d'une reprise du projet par un industriel, si elle ne coûte rien au contribuable américain. Sans dossier solide reçu au 1er août, le robot sera tout simplement démantelé, avec l'espoir que ses instruments volent sur d'autres futures missions publiques-privées.

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Source : NASA