Coup dur pour les Américains, le petit véhicule de l’entreprise Astrobotic ne pourra pas remplir sa mission. Malgré un décollage dans les règles hier, les premières heures de la mission ont révélé des problèmes de propulsion et une fuite. Les réservoirs se vident et Peregrine ne devrait pas tenir plus d’une poignée d’heures.
Un véritable grand huit émotionnel, voilà ce qu’ont vécu les équipes d’Astrobotic, entreprise basée à Pittsburgh (Pennsylvanie - USA). Hier matin, leur tout premier rover lunaire, financé en grande partie par la NASA grâce à son programme CLPS, a pu décoller avec succès lors du lancement inaugural de Vulcan. Un choix risqué, mais payant qui leur a permis d’envoyer le premier véhicule américain destiné au sol lunaire depuis 1972. Mais la magie a cessé d’opérer peu de temps après l’éjection de la fusée. Techniciens et ingénieurs ont rapidement été embarqués dans une course contre la montre pour sauver ce qui pouvait l’être…
Un souci de propulsion
La marche à suivre pour l’atterrisseur Peregrine était simple, et les étapes sont connues, car elles sont peu ou prou les mêmes pour n’importe quel véhicule ou satellite. D’abord, si c’est possible, prendre contact avec les stations au sol. Cette étape a très vite été validée ce 8 janvier. L’atterrisseur a ensuite fait un petit check-up, et il devait normalement utiliser son système de propulsion pour s’orienter correctement face au Soleil, afin de pouvoir charger ses batteries.
C’est lors de cette toute petite manœuvre qu’il y a eu un important problème. Astrobotic n’a pas encore communiqué sur les causes (une valve bloquée ? Une explosion ? Un problème de soudure ?), mais les conséquences sont dramatiques, car une partie de la propulsion du véhicule est depuis inopérante, et il y a une fuite d’ergols, en continu. L’équipe a réagi avec un grand sang-froid, et a pu après seulement quelques heures envoyer un correctif logiciel à l’ordinateur de bord de Peregrine pour qu’il s’oriente correctement vers le Soleil, tout en poursuivant les communications.
Peregrine vit ses dernières heures
Malgré tous ces efforts, la fuite sera fatale à Peregrine. Pour disposer d’un véhicule stable, Astrobotic est obligé d’utiliser d’autres petits propulseurs dédiés à l’orientation, et même s’ils sont à bas régime, les réserves baissent. L’entreprise annonçait hier soir disposer au maximum d’une quarantaine d’heures de mission, espérant se rapprocher de la Lune pour capturer quelques données utiles… Pour leur prochain essai.
Difficile échec donc, malgré les risques qui sont connus, d’autant plus pour des « petits » véhicules à budgets serrés. Et la NASA dans tout ça ? Elle observe l’aventure de très près, ayant tout de même dépensé 80 millions de dollars pour envoyer plusieurs charges utiles sur l’atterrisseur Peregrine (notamment plusieurs spectromètres pour étudier les très légères concentrations moléculaires atmosphériques au-dessus de la surface lunaire). Le modèle public-privé de ces petites missions pourrait-il être remis en cause ? Pour l’instant, non, mais cela dépendra aussi de la 2e mission du genre, pour l’instant programmée en février, avec un autre atterrisseur (IM-1) d’Intuitive Machines.
Source : X.com