Pour leur décollage inaugural, les fusées orbitales ont tendance à montrer leur côté sombre. Mais pas Vulcan ! Ce 8 janvier, le nouveau lanceur d’United Launch Alliance (ULA) est parti exactement comme prévu… Et ce n’était pas qu’une mission de démonstration, il a envoyé un petit atterrisseur sur sa trajectoire lunaire.
Quelques fractions de seconde durant, le temps fut comme suspendu dans la nuit noire au-dessus du site de lancement LC-41 de Cape Canaveral. 8 h 18 (Paris), le nouveau lanceur Vulcan, sans aucun retard dans son compte à rebours, quittait le sol dans un déluge de flammes généré par ses deux moteurs principaux et ses deux boosters auxiliaires et semblait pencher.
Heureusement, ce n’était rien d’autre qu’une manœuvre contrôlée pour éviter tout impact avec la tour de lancement et les ombilicaux cryotechniques, et une poignée de secondes plus tard, Vulcan était déjà haut dans le ciel de Floride. La nouvelle fusée n’aura pas fait mentir la réputation impeccable d’United Launch Alliance, fiabilité et performance ont été au rendez-vous. Le lancement était important à plusieurs égards.
Comment bien démarrer l’année, par ULA
D’abord et avant tout, le décollage était au service d’un petit atterrisseur lunaire. Ambitieux, pour une première mission. Mais cela offrait un tarif avantageux pour Astrobotic et son véhicule, Peregrine, ainsi qu’une belle vitrine des capacités de la fusée Vulcan pour United Launch Alliance. Un pari gagnant puisqu’après 50 minutes et 30 secondes de vol, l’éjection a pu avoir lieu exactement comme prévu !
Nous reviendrons sur la mission de Peregrine, qui démarre un trajet de 6 semaines jusqu’au 23 février. Mais c’était surtout un lancement capital pour ULA, importante aventure industrielle américaine (joint-venture entre Lockheed Martin et Boeing). Vulcan est en effet la fusée qui va remplacer Delta IV (Medium et Heavy) et Atlas V, à terme. S’engage donc une période de transition… De la meilleure des façons ! Vulcan, comme plusieurs de ses concurrentes New Glenn, H3, Ariane 6 est en retard, et ce succès va apporter un vent de fraicheur.
Une Vulcan à tout faire
ULA compte utiliser Vulcan pour de nombreux usages : cargo et navette DreamChaser vers la Station Spatiale Internationale, satellites de la défense sur des orbites basses, héliosynchrones et hautes, décollages pour la Lune, livraisons de superconstellations avec Kuiper… Le lanceur « de base » est toujours le même, avec un premier étage qui fonctionne au méthane et à l’oxygène liquide (moteurs BE-4 de Blue Origin), et un étage supérieur Centaur V, équipé de deux moteurs RL-10.
Autour des deux éléments, ULA peut choisir entre deux coiffes différentes, et différentes configurations avec des boosters auxiliaires à poudre, entre 0 et 6. De quoi produire en série, tout en adaptant les prix et la puissance de Vulcan en fonction des besoins de ses clients… Le marché de la défense en tête. Reste encore à montrer que la cadence peut suivre, mais la première démonstration était impressionnante et efficace. Il ne s’agit que du deuxième lanceur orbital au monde à atteindre son objectif.
Selon plusieurs observateurs, ULA est en vente. Le prix vient de grimper…
Source : Nasa Space Flight