Cape Canaveral et Kennedy Space Center : voici la Space Coast !

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 11 mars 2020 à 10h47
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Cocotiers et lanceurs lourds, c'est la Floride !

Les deux sites accolés à moins de deux heures de route d'Orlando forment l'impressionnant écosystème spatial qui regroupe musées, usines, hangars de préparations et zones de lancement de fusées.

Quelques détails

Il convient d'abord de faire la différence entre les différents sites :
  • Cape Canaveral est une base de l'US Air Force. C'est un nom propre, c'est pour cette raison qu'on l'écrit « à l'anglaise » car on ne désigne pas le cap géographique mais la base. Elle s'étend de Port Canaveral au Sud, jusqu'à la Banana River au Nord. Cape Canaveral est géré par la 45th Space Wing, unité militaire américaine sous la responsabilité de la toute jeune « Space Force ».
  • Le Centre Spatial Kennedy, ou Kennedy Space Center, ou KSC, est une base civile, qui appartient à la NASA. Elle s'étend au Nord de la Banana River et recouvre environ la moitié de l'île Merritt.
  • Si vous entendez parler de « Cape Kennedy », c'est l'ancien nom de... Cape Canaveral (entre 1963 et 1973).
  • Plusieurs entreprises privées sont implantées sur les deux bases. C'est le cas de SpaceX, par exemple. On dit de celles qui sont installées à l'extérieur du site mais à proximité (grands noms et sous-traitants) qu'elles font partie de la « Space Coast » ce qui regroupé l'ensemble de la région.

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Cape Canaveral à droite, le Kennedy Space Center au centre-haut.

Des colosses sur le sable

A l'origine, il n'y avait qu'une presqu'île, une côte sauvage aux longues plages et aux marais saumâtres avec ses arbustes, ses aigles pêcheurs et ses crocodiles, que l'on retrouve toujours sur le site aujourd'hui. Mais en 1949, quand les Etats-Unis ont cherché un site pour tester des missiles à longue portée, la géographie du lieu en faisait un candidat évident.

Une facilité pour contrôler les accès à la base, l'Océan Atlantique en face, et l'un des points les plus proches de l'équateur terrestre de tout le territoire des Etats-Unis : Cape Canaveral cochait toutes les cases. Les premières installations liées aux missiles sont créées en 1951. Le développement des fusées orbitales étant très lié à celui des missiles balistiques intercontinentaux, il est logique que les premières tentatives de lancement aient été réalisées sur place.

Quand la NASA est créée en 1958, elle utilise d'abord le matériel et les installations de l'US Air force, avant de migrer une partie de ses activités au Centre Spatial Kennedy.

Une histoire jeune, mais riche

Entre les missiles et les lanceurs, Cape Canaveral comptera jusqu'à une quarantaine de pas de tirs actifs dans les années 60. On y lance le premier satellite américain, le premier astronaute américain, les premières missions robotisées puis habitées à destination de la Lune... Et ça ne s'est pas arrêté aux années 60 ! Toutes les missions d'exploration planétaires de la NASA sont parties de Cape Canaveral ou du centre spatial Kennedy, à l'exception d'InSight en 2018 (partie pour Mars depuis la Californie) et de LADEE en 2009 (partie pour la Lune depuis la Virginie).

La collection de lanceurs américains qui se sont succédé sur la « Space Coast » est impressionnante, des lanceurs Atlas aux générations Titan et Delta, des navettes STS à la Falcon 9 en passant par l'incontournable Saturn V. Un exemplaire de ce titanesque lanceur qui a propulsé les missions Apollo vers la Lune, est d'ailleurs en exposition à l'horizontale dans un bâtiment dédié qui se visite.

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Le lanceur iconique de la course à la Lune, Saturn V

Le KSC, un musée vivant

Parmi les décollages ayant le plus marqué le public (lancements Apollo, navettes), une majorité ont eu lieu depuis le Kennedy Space Center et ses deux très grands sites de lancement, les pas de tir LC-39A (aujourd'hui opéré par SpaceX) et LC-39B. Mais ce ne sont pas les seules infrastructures NASA qui sont immédiatement reconnaissables.

Le site accueille notamment la (très longue) piste qui accueillait l'atterrissage des navettes jusqu'en 2011, le centre de contrôle des lancements et ses fameuse baies vitrées inclinées et bien sûr l'incontournable VAB (Vertical Assembly Building). Avec son plafond culminant à 160 mètres de haut et ses quatre halls d'assemblage, c'est une véritable cathédrale dédiée aux plus puissantes fusées qu'ont connu les Etats-Unis. Elle est d'ailleurs en pleine préparation pour accueillir le futur lanceur géant SLS (Space Launch System) de la NASA.

Il y a aussi sur place toute une collection de bâtiments administratifs et de hangars de préparation de véhicules. Dans les salles blanches, on y prépare les futures capsules habitées, les expériences à destination de l'ISS... Avec de la chance, il est possible de croiser dehors les titanesques véhicules à chenille « Crawler transporter » qui emmènent les structures mobiles jusqu'à leur pas de tir.

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Incontournable, le KSCVC, musée situé à l'entrée du site.

Cape Canaveral est plus dynamique que jamais

Une grande variété de lanceurs sont en activité et en préparation au Kennedy Space Center et à Cape Canaveral. La zone était dans une mauvaise passe et licenciait à tour de bras en 2010... Mais depuis l'arrivée de SpaceX, plusieurs autres entreprises du « NewSpace » se sont installées sur place pour y faire décoller leurs fusées et la Space Coast est souvent citée en exemple pour le dynamisme local.
  • SpaceX utilise le pas de tir LC-39A (KSC) pour ses lanceurs Falcon 9, Falcon Heavy et pour le décollage de sa capsule habitée Crew Dragon. SpaceX utilise aussi le pas de tir LC-40 (Cape Canaveral) pour son lanceur Falcon 9 et l'ancien site LC-13 pour faire atterrir les étages de ses fusées à terre. Et l'entreprise prépare le terrain pour la future arrivée de Starship.
  • La NASA prépare l'arrivée de SLS sur le LC-39B (KSC), qu'elle partagera avec la fusée OmegA de Northrop Grumman, actuellement en développement.
  • United Launch Alliance (ULA) utilise le pas de tir LC-41 pour son lanceur Atlas-V et le décollage de la capsule habitée de Boeing, Starliner. Le pas de tir sera modifié dans les années à venir pour le lanceur Vulcan en développement. ULA utilise aussi le pas de tir LC-37B pour son lanceur Delta IV Heavy.
  • Blue Origin utilise le pas de tir LC-36 et l'a entièrement modifié pour son futur lanceur New Glenn.
  • Relativity space loue le pas de tir LC-16 et pour son futur lanceur Terran-1.
  • Firefly Space Systems loue le pas de tir LC-20 pour son lanceur Alpha.
  • Spaceport Florida utilise le pas de tir LC-46 pour différents clients et petits lanceurs spéciaux.
  • Virgin Orbit, Northrop Grumman et Boeing ont l'autorisation d'utiliser l'ancienne piste de la navette pour leurs différents lanceurs (qui décollent sous les ailes d'un avion) et pour la navette X-37B.

Eric Bottlaender
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