Les premières secondes et même minutes étaient pourtant encourageantes. Crédits JAXA
Les premières secondes et même minutes étaient pourtant encourageantes. Crédits JAXA

Un long développement et de nombreuses précautions avec deux tentatives de lancement n'y ont rien changé : le tir inaugural de la fusée japonaise H-3 s'est soldé par un échec… Le deuxième étage ne s'est pas allumé. Un embarras et surtout des corrections à appliquer rapidement pour le futur du programme national.

Le Japon compte sur ses nouvelles performances !

Ce n'est pas un échec, mais ça n'a pas marché

Le 17 février déjà, l'agence japonaise avait retenu son souffle. Le compte à rebours était arrivé à zéro pour la nouvelle fusée H-3, sur son pas de tir de Tanegashima, mais l'ordinateur de bord avait ordonné l'extinction du moteur et n'avait pas allumé les deux boosters auxiliaires à poudre. Un problème électrique dans un composant du premier étage était en cause, et les équipes de Mitsubishi Heavy Industries (MHI, maître d'œuvre pour le lanceur) pensaient avoir résolu tous les problèmes. Ce 7 mars à 2h37 (Paris), la deuxième tentative a cette fois mené au décollage, et l'imposant lanceur de 5,3 mètres de diamètre a pris son envol. Les conclusions sont encore préliminaires, mais il semble que le premier étage a parfaitement rempli son rôle, y compris l'action des boosters, avant de se séparer de l'étage supérieur, déjà loin au-dessus de l'atmosphère. Le deuxième étage, malheureusement, semble avoir échoué à allumer son moteur.

Une fin prématurée

Le moteur cryogénique LM-5B-3 qui équipe le deuxième étage de la fusée H-3 est une évolution importante des versions précédentes que le Japon utilise depuis plus de 20 ans sur ses lanceurs spatiaux H-2A et B. Il a été qualifié au banc de test mais visiblement, il y a eu un problème majeur pour que l'allumage n'ait pas lieu une fois dans l'espace. Les équipes japonaises ont collecté un maximum de données, puis elles ont procédé à la destruction contrôlée de l'étage en utilisant le système de sauvegarde. Le satellite de test ALOS-3 (Advanced Land Observing Satellite-3) a bien entendu été détruit dans cette tentative ratée et n'a pas atteint l'orbite. Il était destiné à l'observation de la Terre dans le domaine optique avec un appareil embarqué capable d'une résolution de 0,8m/pixel. Ce nouvel échec est difficile pour l'industrie spatiale japonaise, d'autant que leur seul tir de 2022 avec le petit lanceur Epsilon était lui aussi raté.

H-3 devra désormais faire ses preuves au deuxième tir. Crédits JAXA
H-3 devra désormais faire ses preuves au deuxième tir. Crédits JAXA

Premier tir : c'est normal de rater ?

Les échecs au décollage lors des lancements inauguraux ne sont pas rares : la fusée RS-1 d'ABL Space en janvier 2023, la fusée SSLV indienne en août 2022, le premier lanceur au méthane Zhuque-2 en Chine en décembre dernier… Et ce ne sont que quelques exemples. Toutefois, le Japon espérait passer avec succès cette épreuve de la première mise en orbite grâce à d'amples campagnes d'essais menées au sol. En effet, H-3 devait remplacer à partir de cette année les lanceurs H-2A et H-2B avec une meilleure maîtrise des coûts et de meilleures performances, en particulier pour l'adapter au marché commercial. Elle est très attendue notamment pour envoyer l'évolution des cargos japonais HTV (HTV-X) vers la Station spatiale internationale ou pour la sonde MMX qui partira explorer les lunes de Mars, Phobos et Deimos, programmée en 2024.

L'agence japonaise JAXA et l'industriel MHI vont enquêter sur les causes de l'échec, puis tenter de revenir rapidement en vol avec ce nouveau lanceur. Mais à moins d'une solution triviale (ou d'une erreur humaine), cela pourrait prendre de longs mois, voire plus.

Source : Reuters