Le géant ouvre son chéquier pour sa solution d'Internet par satellite en orbite basse… Et pour quelques milliards de dollars ! 18 décollages assurés pour Ariane 6, 38 pour le lanceur Vulcan, et entre 12 et 27 fusées New Glenn : un contrat géant qui va mobiliser l'industrie.
Néanmoins comme les autres super-constellations, Kuiper ne viendra pas sans un lot de problèmes.
Des lancements comme s'il en pleuvait
C'est d'ores et déjà « le plus important contrat de l'histoire d'Arianespace », dixit l'opérateur basé à Evry. Une revanche de taille, après un hiver marqué par les problèmes avec Soyouz, puis le départ de son client phare OneWeb chez SpaceX… Et surtout une bouffée d'air bienvenue avec la confiance d'un partenaire américain de poids. Amazon n'a pas dévoilé le montant de son contrat géant, mais a dû aligner les billets pour se payer les trois plus grands opérateurs occidentaux du secteur des lanceurs : Arianespace avec 18 Ariane 6, United Launch Alliance (ULA) avec 38 Vulcan, et Blue Origin avec 12 lancements fermes et 15 en option. Ils auront pour tâche commune d'envoyer en orbite basse les 3 236 satellites de la constellation Kuiper.
La revanche de l'Old Space ?
Aucun des trois lanceurs sélectionnés dans ce contrat géant n'est en fonction aujourd'hui, pourtant, il leur faudra envoyer les satellites dans une fenêtre qui ne dépasse pas cinq ans. Avec ce contrat, Amazon relève ainsi le pari de faire évoluer les capacités industrielles des trois opérateurs.
ULA a d'ores et déjà annoncé profiter de ce contrat pour mettre en œuvre un deuxième site de lancement pour le lanceur Vulcan, qui supportera le plus grand nombre de décollages d'Amazon (avec 38 tirs, c'est une manne commerciale incroyable). N'oublions pas qu'en bonus, ULA a déjà un contrat pour les neuf premiers tirs de la constellation sur sa fusée Atlas V, actuellement en service.
Certains pourront s'étonner que Blue Origin (fondée, comme Amazon, par Jeff Bezos) ne réceptionne « que » 12 à 27 décollages, mais le lanceur réutilisable est loin d'être prêt, et Blue n'a pas l'expérience vers l'orbite de ses concurrents. Il s'agit donc d'un ample geste de confiance et là aussi, d'une aide financière substantielle.
Pour dix achetées, une offerte ?
Un tel déploiement va assurément doper l'industrie aérospatiale, mais aussi ses fournisseurs. Dans la foulée, l'entreprise Beyond Gravity (le nouveau nom de RUAG) a notamment annoncé qu'elle serait en charge des dispositifs de déploiement des satellites… De quoi doubler la taille de sa nouvelle usine en construction en Suède et mobiliser 60 emplois.
Évidemment, ce n'est pas une surprise, le concurrent SpaceX n'a pas été sollicité.
Enfin, difficile de ne pas évoquer, malgré ces annonces choc et le poids des milliards, les deux thématiques sous-jacentes à toute actualité sur les super-constellations : oui, elles rendront le trafic orbital encore plus complexe et parfois plus dangereux, et oui elles continueront (et sans doute augmenteront) la pollution visuelle pour les astronomes, en particulier ceux qui travaillent avec de larges champs. Deux sujets qui, malgré les efforts des concernés, ne font toujours pas l'objet d'accords internationaux significatifs…
Source : Space News