L'agence américaine continue de préparer ses futures opérations lunaires et a présélectionné Intuitive Machines, Lunar Outpost, et Venturi Astrolab pour concevoir le véhicule des astronautes. Mais il ne s'agit que d'une étape, les entreprises ont un an pour convaincre la NASA. À la clé, un chèque de plusieurs milliards de dollars...
Fini le temps de la Jeep lunaire, place au LTV (Lunar Terrain Vehicle) ! Pour que les astronautes puissent aller explorer un peu plus loin que leur site d'atterrissage, la NASA s'organise avec ses fameux contrats publics-privés pour leur fournir un véhicule à tout faire. Mais attention, ce dernier, qui ne comportera pas d'habitacle pressurisé, devra être bien plus perfectionné que ceux qui ont roulé entre Apollo 15 et 17 sur la surface lunaire.
D'abord, il sera beaucoup plus durable, car il pourra être utilisé par plusieurs missions l'une après l'autre, ce qui implique de devoir recharger ses batteries et de survivre à la nuit lunaire et ses très basses températures. D'autre part, le LTV aura aussi ses propres moyens de communication et pourra être pilote à distance, depuis la Terre ou la station orbitale Gateway. Pratique, car les astronautes ne résideront pas sur la Lune pour de longues durées avant longtemps.
Transport d'expériences, équipement d'un bras robotisé, conduite autonome, ce seront de véritables véhicules spatiaux qui iront jusqu'au pôle Sud de la Lune. Mais qui va s'en charger ? La NASA, après une longue étude de dossiers, a sélectionné trois entreprises pour aller plus loin et passer à la conception.
La sélection n’est pas terminée !
Les trois gagnants de cette phase de sélection sont donc Intuitive Machines (qui a réussi en février à poser, sur le flanc, son atterrisseur lunaire IM-1 sur la surface) avec Boeing, Michelin, Northrop Grumman et AVL, Lunar Outpost avec Lockheed Martin, MDA et GoodYear, et Venturi Astrolab. Cette dernière, qui est une association entre deux entités de Venturi (Monaco et Suisse) et Astrolab (États-Unis), avait déjà présenté son véhicule FLEX au public en 2023.
Mais attention, cela ne veut pas dire que la NASA va se retrouver avec trois LTV différents. C'est plutôt la finale de la compétition ! Dans la phase qui va s'achever d'ici un an environ, ces entreprises vont recevoir une somme (Intuitive Machines évoque 30 millions de dollars) pour développer leur concept, présenter un calendrier détaillé, des plans, des matériels, des sous-traitants, bref, disposer du dossier le plus solide possible. Car oui, l'agence américaine n'en sélectionnera qu'un.
Un juteux contrat à la clé, mais attention…
La motivation cependant ne va pas manquer : les gagnants signeront un contrat de développement public-privé dont le montant pourrait atteindre 4,6 milliards de dollars. Cela n'inclura pas les « Jeeps lunaires » des missions après 2029, mais le développement, un démonstrateur et un véhicule pour la mission Artemis V.
Il s'agit une fois de plus d'un contrat public-privé, c'est-à-dire que la NASA va payer (cher) pour un développement et un service privé, charge à l'entreprise sélectionnée de bien calculer, et surtout de respecter les coûts ou de payer sur ses propres fonds toute dépense supplémentaire. Cela lui permet ensuite de proposer à d'autres entités publiques ou privées l'usage de ces matériels.
Ces contrats sont aussi à double tranchant. On voit l'extraordinaire succès de la capsule Crew Dragon de SpaceX souvent citée en exemple, mais les sommes fixes ont aussi coûté plus de 1,5 milliard de dollars à Boeing, et poussé d'autres acteurs à mettre la clé sous la porte...
Source : NASA