L'architecture de la mission Mars Sample Return va changer. Pas le choix... Ca ne tenait pas. © NASA
L'architecture de la mission Mars Sample Return va changer. Pas le choix... Ca ne tenait pas. © NASA

Après un audit à l'automne dernier, la NASA remet son projet de retour d'échantillons martiens à plat. Car si l'agence américaine poursuivait, cela lui coûterait au moins 11 milliards de dollars pour un atterrissage sur Terre à l'horizon 2040 : ce n'est plus réaliste. Pourtant, il faut bien une solution... Aux industriels d'être créatifs !

Sur Mars depuis plus de trois ans, le rover Perseverance parcourt le paysage au bord du cratère Jezero. Il est actuellement en bordure de la vallée de Neretva et périodiquement, lorsque l'équipe scientifique qui gère la mission estime qu'il est sur une surface de sol compatible et d'un grand intérêt scientifique, il prélève un échantillon. C'est un procédé délicat, qui consiste à stocker de précieux grammes de matière dans des tubes qui sont ensuite scellés et stockés dans un large compartiment central... Pour qu'ils soient un jour ramenés sur Terre. La NASA planche depuis longtemps sur une (et en réalité plusieurs) mission qui v aller chercher ces échantillons, les collecter, les envoyer en orbite, puis les ramener sur Terre pour qu'ils soient étudiés dans les laboratoires terrestres, aux capacités sans commune mesure avec les instruments des rovers martiens. La mission Mars Sample Return, à laquelle participe d'ailleurs l'ESA, réunit tous les composants pour ramener la précieuse récolte. Problème, depuis deux ans, la facture ne cesse de s'alourdir et le calendrier s'étire... loin, trop loin.

La bamboche, c'est terminé

L'agence américaine n'avait plus le choix. Étrillée dans un rapport indépendant de son bureau des audits à l'automne dernier, elle a avoué ce lundi 15 avril qu'avec l'architecture et les budgets actuels, il lui faudrait jusqu'à 2040 pour ramener les échantillons, avec une facture globale de 11 milliards de dollars. C'est intenable, et même si la NASA validait cette solution, elle serait obligée d'amputer d'amples budgets d'autres missions très attendues à destination de Titan, de Vénus ou pour étudier les astéroïdes. D'autant plus que pour la 2e année consécutive, l'agence américaine a vu son budget stagner, rendant difficile l'équilibre budgétaire à cause de l'inflation. Alors, ramener des échantillons de Mars ou rien ? Pas question.

Mais plus question non plus d'envoyer une plateforme, deux hélicoptères autonomes pour ramener les tubes scellés, une fusée de retour et une capsule orbitale. Il va falloir faire moins cher, et plus rapide. Une ligne très fine et complexe, parce que dans tous les cas, aucune nation n'a jamais réussi à atterrir deux fois au même endroit sur Mars, ni récupéré des échantillons, ni fait décoller une capsule depuis une autre planète (la Lune, oui, par contre). Donc l'agence demande des solutions qui soient à la fois audacieuses et sécurisées. Bonne chance...

Grosse galère pour ramener ces petits tubes sur Terre... © NASA/JPL-Caltech
Grosse galère pour ramener ces petits tubes sur Terre... © NASA/JPL-Caltech

Innovez ! Mais pas cher

Le résultat immédiat est la mise en pause des travaux sur le projet, qui va donc stagner jusqu'à au moins 2025, date à laquelle la NASA espère avoir sélectionné la solution qui lui permettra, en moins d'une décennie, de ramener les précieux tubes collectés par Perseverance. Ce dernier devrait poursuivre sa collecte et rouler au moins jusqu'en 2028, date à laquelle l'agence américaine devrait le faire revenir près de son point de départ, en attendant les futurs véhicules de retour...

Il y en a un par contre qui n'a pas laissé l'occasion de rappeler qu'il compte bien sur sa solution pour atterrir et décoller de Mars. Dans un tweet en réponse à la NASA, aussitôt décrié, Elon Musk explique que pour lui le Starship devrait d'ici 5 ans avoir la capacité de ramener pas mal de choses de la planète rouge...

Source : CNN