L’aventure de la mission martienne de l’agence européenne continue, sans la Russie, mais avec un support américain. Surtout, il va s’agir de préparer un atterrissage à hauts risques seuls, avec une plateforme à fournir en quatre ans. Cela paraît bien peu, au regard du passé du projet. Le rover, lui, prépare sa mission.
La route est longue pour aller forer sur Mars.
Un quinquennat pour rejoindre Mars
La fenêtre de tir s’ouvrira le 5 octobre 2028. Cinq ans et demi pour tout préparer et pouvoir décoller vers Mars (avec quelle fusée, on ne le sait pas encore), voilà qui semble un calendrier raisonnable. Mais en réalité, celui-ci va demander beaucoup d’efforts aux équipes européennes. Après un rapport rendu l’été dernier, puis un accord budgétaire avec les ministres des pays membres, l'ESA a décidé de faire route seule ou presque pour envoyer le rover Rosalind Franklin sur la surface de Mars.
Certes, il n'est plus question de collaborer avec la Russie. Toutefois Roscosmos fournissait plusieurs éléments clés de la mission : le lanceur Proton, mais surtout l’atterrisseur Kazachok. Cet élément est complexe, car il a pour lourde tâche de gérer toutes les opérations entre l’arrivée proche de la planète rouge et l’atterrissage lui-même, avec l’orientation, la gestion du bouclier thermique, les parachutes et les rétrofusées pour freiner et se poser. La NASA s'est associée au projet et y contribue, mais à la marge, avec environ 30 millions d'euros alloués en 2024.
Mars, ça passe ou ça casse
L’Europe spatiale doit rapidement relever ce défi si elle compte viser 2028, sachant que les derniers mois sont généralement passés près du site de lancement, et la dernière année est consacrée à d’inévitables batteries de tests (électriques, électroniques, électromagnétiques au vide, acoustiques…).
Pour ne rien arranger, l’ESA n’est pas considérée comme une agence avec une énorme expertise en matière d’atterrissages, à l’exception de Huygens sur Titan (mission Cassini). Avec deux essais ratés pour atterrir et déployer sa mission sur la planète rouge, Beagle 2 et Schiaparelli, la tâche est à la hauteur de la récompense. Heureusement, le rover Rosalind Franklin reste un outil qui garde toute sa pertinence scientifique aujourd’hui.
Pas de retraite pour Amalia
C’est son « double » terrestre, Amalia (le vrai rover est replié et stocké près de Turin), qui a dernièrement réussi une nouvelle campagne de forage en Italie. Placé dans des conditions simulant le sol martien, il a pu collecter des poussières et tester ses équipements de forage, les plus poussés pour un rover du genre, avec la capacité de descendre collecter des échantillons pour analyse in situ jusqu’à 2 mètres de profondeur.
Cet exercice fait office de répétition générale pour l’ensemble des systèmes du rover, de sa navigation autonome à sa vision, en passant par la planification de l’usage des instruments scientifiques. Il reste un peu de temps pour se roder avec Amalia, et si tout se passe bien, l’atterrissage sur Mars aura lieu le 28 octobre 2030.
Sources : ESA, Universe Today