L'Agence spatiale européenne (ESA) a annoncé, à la suite d'un Conseil spécial, la suspension de la mission ExoMars, menée conjointement avec l'Agence spatiale russe Roscosmos. Cette décision a été prise après de nombreuses réflexions et fait suite évidemment à la guerre en Ukraine initiée par la Russie il y a trois semaines.
Le rover Rosalind Franklin devra attendre 2024, voire 2026 pour espérer poser ses roues sur la planète rouge, le temps que l'ESA trouve des alternatives et une nouvelle fenêtre de lancement.
Ce qui devait arriver arriva
La mission ExoMars subit une nouvelle fois un énorme revers. Après le crash de l'atterrisseur Schiaparelli en 2016 sur Mars et le report du lancement du rover Rosalind Franklin de 2020 à 2022, voilà que la mission se retrouve totalement suspendue suite à la guerre en Ukraine et les sanctions européennes imposées à la Russie. L'ESA a fait savoir après un Conseil, via son directeur général Josef Aschbacher, qu'elle n'avait d'autre choix que d'annuler le décollage prévu initialement en septembre 2022.
Le lanceur Proton, l'atterrisseur Kazatchok et quelques outils intégrés au rover Rosalind Franklin étaient fournis par la Russie, entraînant de ce fait la suspension de la mission.
« La décision a été prise, ce lancement ne peut pas se produire au vu des circonstances actuelles. Sur le plan pratique mais aussi politique, il est impossible d'avoir un lancement en septembre », a indiqué le directeur général de l'ESA dans son communiqué, partageant en même temps l'immense déception des équipes qui travaillent depuis de nombreuses années sur le projet et qui redoutaient, depuis le début de l'invasion il y a trois semaines, de tels mots.
L'ESA doit trouver des alternatives
Josef Aschbacher a été chargé par le Conseil de mener rapidement des études industrielles afin de rechercher des alternatives pour lancer la mission. Pour le moment, rien de concret n'est ressorti, mais le mot « NASA » a été évoqué pour former une nouvelle coopération. L'Agence spatiale américaine s'était retirée du programme il y a dix ans, rapprochant alors l'Europe et la Russie, mais a récemment annoncé son envie de supporter cette mission.
Que les tensions se calment entre l'Europe et la Russie, et donc l'ESA et Roscosmos, ou qu'une alternative soit trouvée, le lancement de la mission ExoMars ne se fera très probablement pas avant 2024, voire 2026 ou au-delà. À noter que les fenêtres de tir vers Mars ne sont ouvertes qu'une fois tous les deux ans, lorsque les deux planètes sont les moins éloignées l'une de l'autre.
En parallèle, la Russie avait annoncé le 26 février dernier suspendre tous lancements de Soyouz en Guyane et retirer son personnel, laissant cinq missions dans l'attente d'un lancement. Parmi elles possiblement des fusées européennes comme Ariane 6, dont le premier vol est prévu pour la deuxième moitié de l'année 2022.
Source : Spacenews