La NASA a enfin eu l'autorisation de la Maison-Blanche pour prolonger son usage de la Station spatiale internationale (et tous les investissements qui vont avec) jusqu'à l'horizon 2030. Une date souvent évoquée pour son remplacement…
Mais les autres partenaires internationaux doivent encore formellement accepter.
De 2024 à 2030
La décision était attendue. En effet, l'agence américaine n'a jamais caché que si elle a tant investi dans des solutions indépendantes pour amener ses astronautes et des tonnes de cargos sur la Station spatiale internationale, ce n'était pas pour les abandonner en 2024.
D'abord, certaines solutions techniques ne seront prêtes que peu de temps avant cet horizon (la capsule habitée Starliner n'est pas encore certifiée pour recevoir des astronautes en ce début 2022 et la petite navette cargo DreamChaser attend son vol inaugural en fin d'année ou l'an prochain !). Ensuite, les alternatives non plus ne seront pas prêtes à l'échéance, et ce n'est un secret pour personne. L'entreprise privée Axiom avance toujours une date de 2024 pour accoler son premier module privé à l'ISS, mais ce dernier ne sera pas une station indépendante pour autant.
Voilà pourquoi la date de 2025 annoncée sous l'ère Trump n'était pas réaliste. Restait à choisir : 2028 ou 2030 ? Pour se laisser le temps de la transition, la Maison-Blanche a signé pour un engagement à 2030.
On étend, on étend, et puis…
Une bonne nouvelle pour le segment américain, qui dispose d'améliorations récentes (comme le sas Nanoracks) et qui prévoit des développements à venir avant même la transition vers des stations orbitales privées d'ici la fin de la décennie. Reste qu'il faudra convaincre l'ensemble des partenaires internationaux de l'ISS.
Le président de l'ESA J. Aschbacher s'est déclaré très heureux de cette nouvelle et proposera aux ministres de l'agence européenne de s'engager dans cette voie. Le choix du Japon et l'approbation du Canada font peu de doutes également, mais il faudra convaincre la Russie. Ce qui n'est pas si facile dans un climat international tendu : depuis que le pays a envahi la Crimée en 2014, chaque accord sur l'ISS semble arraché de haute lutte. De plus, Roscosmos, via la voix de son directeur D. Rogozine, a déjà exprimé des doutes sur la faisabilité technique d'une extension aussi longue.
Attention avant de s'engager !
En effet, il ne suffit pas de mettre un coup de tampon. Prolonger la vie de l'ISS, c'est s'engager à mettre suffisamment de ressources pour assurer des rotations régulières d'équipages (véhicules habités, cargos) mais aussi pour qu'ils puissent vivre et opérer là-haut l'ensemble de leurs activités scientifiques et techniques. Et cela suppose aussi de faire face aux risques croissants qui pèsent sur les stations en orbite basse, tels que les débris orbitaux.
Tout ceci a un coût : batteries, panneaux, refroidissement à l'extérieur, équipements de support vie à l'intérieur, sans compter l'investissement dédié aux expériences. Certains matériels russes ont montré ces dernières années des signes de faiblesse, notamment le module Zvezda qui fait l'objet d'une surveillance renforcée suite à l'apparition de microfissures dans son segment arrière. Et sur l'ISS, il faut se méfier : tout ne peut se remplacer. Il faudra donc réfléchir attentivement avant de s'engager pour l'ensemble de la décennie.
Source : Spacenews