La Station spatiale internationale n'est pas éternelle © NASA
La Station spatiale internationale n'est pas éternelle © NASA

Pas question de laisser l'ISS, à la fin de sa carrière opérationnelle en 2030, devenir le plus impressionnant débris orbital que l'humanité ait fabriqué. La NASA a étudié ses options et, après un nouvel appel d'offres, donnera 843 millions de dollars à SpaceX pour la conception et la réalisation d'un véhicule de désorbitation.

L'échéance approche. Tous les participants à l'ISS, les agences, les astronautes et les industriels le savent, la Station spatiale internationale n'est pas éternelle. À l'origine, elle devait même être progressivement délaissée à partir de 2016, mais comme elle avait pris du temps à être assemblée et que les modules ont finalement offert une durée de vie exceptionnelle, la station joue les prolongations depuis.

Tous les 4 ans environ, elle est prolongée d'autant. Mais cela ne pourra pas durer. D'abord parce que les nations ici, sur Terre, ne s'entendent pas bien. La Russie particulièrement est mise au ban depuis son invasion de l'Ukraine, même si les échanges se poursuivent pour que l'ISS perdure. Ensuite, la station ne rajeunit pas. Fuite d'air (contrôlée) et de réfrigérant côté russe, problèmes de scaphandre côté américain, les tâches liées à la maintenance vont se multiplier.

Aussi, il y a un accord entre les principales parties pour travailler normalement jusqu'en 2028, puis pour progressivement se désengager jusqu'en 2030-2032 (il reste un certain flou sur les dates), bref jusqu'à ce qu'il soit temps de fermer l'écoutille une dernière fois.

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Décryptage

Il faudra freiner fort, mais pas trop

Américains et Russes, qui partagent entre eux les principales responsabilités de la station, échangent depuis longtemps sur l'épineux sujet de la fin de l'ISS. Ce mercredi 26 juin, la NASA a d'ailleurs rendu un nouveau rapport étudiant les différentes options : rehausser son orbite pour la conserver, détacher des modules avant de la détruire, détacher des modules pour s'en resservir, ou l'envoyer plonger « entière » à travers l'atmosphère terrestre. La grande majorité des modules ayant dépassé (de loin) leur durée de vie initiale, il y a peu d'intérêt à les garder en orbite, d'autant qu'il faudrait alors les détacher, puis les apporter sur une autre station, ce qui serait coûteux et complexe.

Mais désorbiter l'ISS n'est pas simple. Il faut d'abord la freiner doucement jusqu'à environ 250 kilomètres d'altitude, et donc s'assurer qu'elle ne tombe pas en morceaux en tirant/poussant à ce moment-là. Puis, dans un deuxième temps, il faut être capable de freiner suffisamment fort pour qu'en une poignée de minutes, la station quitte son orbite et se désintègre au-dessus du Pacifique sud. Évidemment, compte tenu de sa taille et de sa masse, une traversée non contrôlée de l'atmosphère conduirait beaucoup de débris au sol. Il faut donc un véhicule puissant et capable de se charger de la désorbitation, car la station, malgré ses propulseurs, n'a pas assez de réserves pour s'en charger, même avec l'aide des cargos « classiques » et de leur moteur.

SpaceX avait déjà remporté un contrat pour produire le "Dragon XL" pour la future station lunaire © SpaceX

SpaceX remporte un contrat de plus

C'est donc un véhicule de SpaceX qui va s'en charger. La formulation de la NASA laisse d'ailleurs place à la spéculation : s'agira-t-il d'un Starship ou d'un véhicule plus conventionnel ? Une version spéciale du cargo Dragon utilisé aujourd'hui (lequel serait très insuffisant pour désorbiter la station) avec plusieurs tonnes de carburant supplémentaire ? Un Dragon XL, tel que développé pour ravitailler la future station lunaire Gateway ? Ou un étage de Falcon 9, voire Falcon Heavy modifié pour s'amarrer avec l'ISS ?

Avec 843 millions de dollars, il y a forcément du travail de développement, et il faudra bien ces quelques années, même à une entreprise aussi tentaculaire que SpaceX, pour réussir à concilier les différentes techniques pour y arriver. En fin de compte, le véhicule sera pilote pour le compte de la NASA, comme c'est le cas aujourd'hui pour Crew Dragon.

Reste que pour certains, c'est un peu un signe des temps, SpaceX qui s'apprête à enterrer l'ISS…

Source : CNBC