Sans que la fin soit particulièrement proche, l’agence spatiale américaine doit préparer la désorbitation de la Station Spatiale Internationale. Une tâche qui sera plus complexe que ce que l’on imagine, et qui va nécessiter (au moins) un véhicule puissant, l’USDV. Les industriels intéressés peuvent postuler.
Au printemps 2023, les grandes agences participant au projet de l’ISS se sont toutes accordées pour poursuivre l’aventure jusqu’à 2028 (pour la Russie, les USA visent déjà 2030). Néanmoins, la Station Spatiale Internationale n’est pas éternelle. En plus de devoir survivre aux tensions diplomatiques, le matériel vieillit : les premiers modules centraux sont en orbite depuis 1998-2000 ! Malgré les adaptations, les réparations, les remplacements, la station ne sera pas éternelle. Les agences préparent donc la suite, et la NASA n’est pas en reste avec un processus qui implique des entreprises privées. Oui, mais alors, pour la toute fin de l’ISS, comment faire ?
Pas de bouton pour le frein à main
La question n’est pas aussi simple qu’elle peut le sembler, parce qu’il y a plusieurs options. La plus évidente, mais la moins sympathique est de ne rien faire. En effet, la station en raison des frottements sur les microparticules atmosphériques, freine naturellement. En quelques années, elle brûlerait dans l’atmosphère.
Le problème est qu’elle est massive : de nombreuses pièces, voire des morceaux de modules entiers, arriveraient intacts au sol et pourraient générer des dégâts, voire une catastrophe. Donc il est utile de tout préparer pour une désorbitation et une désintégration contrôlée. Là encore, plusieurs options : désamarrer quelques modules, scinder la station en deux ou trois, ou bien la freiner « entière » pour qu’elle s’abîme au-dessus du Pacifique dans une zone proche du Point Némo, loin de toute ligne commerciale, de terres ou d’habitats. C’est en vue de cette dernière solution que la NASA a démarré un appel d’offres pour l’USDV, United States Deorbit Vehicle.
Un peu plus de pèche qu’un Progress
Une architecture qui semblait un temps possible pour freiner entièrement la station aurait été d’envoyer une suite de véhicules Progress abaissant progressivement l’altitude de la station. Toutefois, il semble que ce ne soit pas la solution en faveur actuellement, la NASA indiquant qu’une « autre solution offrirait des possibilités plus fiables pour assurer la désorbitation ».
L’agence américaine demande à son industrie de se pencher sur la question et de rendre ses copies prochainement pour un véhicule unique, capable de gérer la dernière phase de la désorbitation (un freinage franc). Qu’il soit nouveau ou basé sur un véhicule existant importe peu, mais il faudra probablement qu’il soit équipé d’un moteur plus puissant que les cargos actuels.
L’ISS va demander un gros véhicule
En effet, Progress allume par exemple son moteur durant 3 minutes et 40 secondes pour faire varier la vitesse de la station de… 0.5 m/s. C’est peu ! Le véhicule adapté devra contenir plusieurs tonnes de carburant et disposer d’un moteur à la fois puissant et efficace, tout en accélérant doucement. En effet, par sa structure, l’ISS n’est pas prévue pour encaisser de gros chocs comme l’allumage d’un moteur d’étage supérieur, il faudra donc une décélération progressive, avec une manœuvre amplement répétée à l’avance.
Les propositions pourraient être variées et il sera intéressant de voir ce que l’agence américaine va choisir, tout autant que de savoir quels industriels répondront à l’appel. On pourrait en effet imaginer un cargo cygnus modifié avec 3 ou 4 tonnes d’ergols supplémentaires et des moteurs plus puissants, une adaptation particulière d’un étage de fusée ou, bien évidemment, un Starship.
Source : Blog Nasa