La capsule Starliner est amarrée à l'ISS depuis presque deux semaines © NASA / Matthew Dominick
La capsule Starliner est amarrée à l'ISS depuis presque deux semaines © NASA / Matthew Dominick

La mission de Barry Wilmore et Sunita Williams devait initialement durer une semaine, mais la NASA et Boeing ne cessent de repousser la date de leur retour sur Terre. Il s'agit en réalité de comprendre, en toute sécurité, l'origine des petites fuites et des pannes de propulseurs ainsi que leur potentielle étendue. Rendez-vous le 25 juin ?

Il y a de quoi se poser la question : la première mission habitée de Starliner sur la Station spatiale internationale se passe-t-elle vraiment aussi bien que prévu ? Même si la réponse est positive, les récents communiqués de la NASA, qui indique régulièrement repousser la date de retour de la capsule pour qu'elle puisse se poser dans le désert « pour obtenir plus de données et faire des vérifications supplémentaires », ne donnent pas une bonne impression du vaisseau de Boeing.

En vérité, la situation n'a rien de dramatique, mais pour la comprendre, il faut remonter aux 5 et 6 juin derniers, lorsque la capsule a fait son trajet vers l'ISS. Les équipes ont tout d'abord constaté plusieurs fuites mineures dans les circuits d'hélium pressurisé, puis elles ont remarqué que plusieurs propulseurs avaient eu du mal à fonctionner. Ces derniers ont finalement tous été réactivés, sauf un seul qui est aujourd'hui totalement désactivé.

Bref, ce sont là des soucis relativement mineurs pour une capsule qui n'en est qu'à son 3e vol orbital et est encore en phase de test. L'équipage n'a jamais été en danger ni pour son arrivée ni pour rester sur l'ISS, ou pour en repartir.

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Pourquoi rester ?

Mais alors, si ces soucis sont mineurs, pourquoi la NASA ne cesse-t-elle de repousser la date de retour des deux astronautes ? Tout d'abord parce que même si les fuites et les pannes sont sous contrôle, ni l'agence américaine ni Boeing n'ont envie d'avoir des problèmes identiques lors de la prochaine mission, qui concernera cette fois 4 astronautes, pour une mission de 6 mois.

Et, si tout va bien, cette rotation d'équipage devrait avoir lieu au printemps 2025. Pouvoir documenter au maximum les fuites, leur évolution, leur cause (et même chose pour les pannes de propulseurs) est donc crucial. Pas question de devoir annuler une future mission avec des fuites plus importantes parce que le problème a mal été compris en 2024. À beaucoup plus court terme, pas question non plus de se désamarrer de l'ISS avec le risque (même très mineur) qu'une nouvelle fuite se déclare et bloque les astronautes en orbite.

Prendre du temps n'est pas un problème

D'autre part, les propulseurs concernés comme les réservoirs d'hélium et le système de pressurisation sont situés sur le module de service de Starliner. Celui-ci sera, le jour du retour vers la Terre, éjecté et détruit lors de sa traversée de l'atmosphère. Il est donc impossible de documenter après l'atterrissage, car les éléments ne seront plus disponibles.

Enfin, étendre la mission de quelques jours ne compromet en rien le retour de Barry Wilmore et Sunita Williams en sécurité. Il serait d'ailleurs beaucoup plus inquiétant que la capsule ait du mal à résister à 20 jours amarrée à l'ISS, alors qu'il est prévu qu'elle y reste 6 mois l'année prochaine !

La capsule Starliner sur un fond d'aurore boréale. Et non, il ne s'agit pas de sa fuite ! © NASA / M. Dominick

Les équipes en savent plus qu'avant

Grâce à de petits allumages des propulseurs depuis l'amarrage, les équipes au sol ont progressé pour mieux comprendre les pannes, avec différentes pistes, dont celle d'un échauffement de certains circuits et joints dans le module de service.

Le retour est désormais fixé au 25 juin, avec un atterrissage dans la nuit (le 26 au matin en France). Le focus va rester sur une sécurité maximale pour les deux passagers, puis, une fois qu'ils seront rapatriés à Houston, Boeing et la NASA vont tenter de certifier la capsule pour les 6 prochains vols. Ces soucis de fuites et de propulsion font toutefois peser un certain risque sur le processus de certification, dans le cas où le constructeur serait obligé de modifier une partie des circuits ou des joints. La sécurité a un prix, même lorsque la capsule a 4 ans de retard…