Un nouveau véhicule de SpaceX, DragonXL, ravitaillera la station lunaire Gateway

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 03 avril 2020 à 14h27
SpaceX NASA Dragon XL
Vue d'artiste de Dragon XL s'approchant de la Gateway en orbite lunaire. © NASA

La NASA a sélectionné l'entreprise de Elon Musk pour accompagner un nombre indéfini de missions sur les douze prochaines années.

Dragon XL pourra ainsi embarquer environ cinq tonnes de fret autour de la Lune.

Annonce surprise

La NASA, dans sa sélection de multiples industriels pour son nouveau programme lunaire Artemis, avait publié un appel d'offre en août dernier pour un véhicule cargo capable d'embarquer au moins 3,4 tonnes de cargo pressurisé et 1 tonne de matériel non pressurisé vers sa future station Gateway en orbite autour de la Lune.

Éclipsée médiatiquement par les propositions de modules lunaires habités au cours de l'automne, cette sélection a son premier gagnant : SpaceX. La NASA s'est engagée avec l'industriel pour un minimum de deux missions, et un maximum de 7 milliards de dollars sur 12 ans de contrat et 15 ans d'exploitation. D'autres fournisseurs pourront être choisis plus tard, mais pour l'instant Dragon XL est le seul véhicule qui rejoindra la station Gateway. Par ailleurs, il servira sur place de véritable « extension de la station » avec la possibilité d'agir comme un laboratoire temporaire.


Une minute, Dragon XL ?

C'est la véritable surprise de cette annonce, car SpaceX n'avait pas dévoilé jusqu'ici de véhicule capable de répondre à une telle sollicitation, à l'exception de son grand vaisseau Starship, qui en a le potentiel sur le papier, mais dont le développement reste indépendant. Ce sera donc Dragon XL, une version allongée et non réutilisable de la capsule cargo de SpaceX, capable d'aller s'amarrer automatiquement à la station et d'y rester jusqu'à un an avant de repartir pour évacuer les « poubelles » de la Gateway.

Pour son décollage, c'est bien sûr Falcon Heavy qui sera mise à contribution. G. Shotwell, directrice opérationnelle de SpaceX, a déclaré : « À travers notre partenariat avec la NASA, SpaceX a livré des expériences scientifiques et du matériel indispensable à la Station Spatiale Internationale depuis 2012, et nous sommes honorés de continuer ce travail au-delà de l'orbite terrestre en transportant du matériel pour Artemis jusqu'à la Gateway ».


De l'engagement

Cette annonce vient rappeler que la NASA compte toujours mettre en place la station Gateway : ces dernières semaines, des messages contradictoires sont apparus, notamment depuis que Douglas Loverro, le directeur des missions habitées, a déclaré que l'agence envisageait de se passer de la Gateway pour pouvoir respecter l'agenda politique et se poser sur la Lune au plus tôt.

Si elle n'est donc plus sur le « chemin le plus rapide » pour aller fouler la Lune, la station de la NASA est toujours d'actualité. En 2019, Maxar et Northrop Grumman avaient bénéficié des deux premiers contrats pour les modules de la station : à présent, on sait comment elle sera ravitaillée. Pour la suite, il faudra être patients...

Source : Space Flight Now
Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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BetaGamma

Financement public pour continuer son dumping sur les lancements commerciaux

ebottlaender

C’est une opinion recevable, mais c’est aussi un véhicule innovant destiné à un projet ambitieux d’exploration habitée.

Grumeau_Salsa

C’est une opinion irrecevable selon Miss Larousse : « Dumping commercial, pratique commerciale qui consiste à vendre une marchandise sur un marché étranger à un prix inférieur à celui pratiqué sur le marché intérieur, parfois même au-dessous du prix de revient. »
SpaceX a simplement des prix plus compétitifs pour des produits innovants, plus efficaces.

ebottlaender

Ben, c’est à dire, ça correspond assez bien parce que justement SpaceX facture ses missions plus cher au gouvernement US (défense et ou NASA) que sur le marché commercial international. L’entreprise argue que c’est à cause de clauses supplémentaires, mais elles sont toujours restées globalement vagues et n’ont que rarement justifié des prix parfois 50% ou 100% plus cher.

Fulmlmetal

Il est vrai que SpaceX a toujours bénéficié de contrats gouvernementaux sans lesquels ils ne seraient surement pas là aujourd’hui.
Mais à sa décharge, je pense que la NASA a surtout opté pour une solution rapide, leur planning du programme lunaire est plutot serré

dududuche

Betagamma, vous voulez dire que SpaceX s’arrange avec l’état US pour monopoliser les vols commerciaux vers la Lune ? Qu’en est-il des sociétés privées européennes par exemple avec l’ESA ? A-t-on une chance de retourner un jour dans l’espace (pas forcément la lune peut-être), et si oui, quand ?

Niverolle

« A-t-on une chance de retourner un jour dans l’espace (pas forcément la lune peut-être), et si oui, quand ? » ==> Bonne question ! Avec la crise actuelle, je ne serais pas surpris si tous ces projets passaient à la trappe.

ebottlaender

Boeing et SpaceX ne sont en concurrence que sur un autre projet (et encore, pas tout à fait équivalent), à savoir Crew Dragon et Starliner. Et en effet, SpaceX est moins cher à ce niveau là.

Mais pour cet accord Dragon XL, on va rappeler que les montants n’ont pour le moment pas été précisés.

Niverolle

« Avec les résultats qu’on connaît » ==> comme si le développement de la capsule de Space X avait été un long fleuve tranquille…

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