La situation sur l'écoutille arrière du module russe Zvezda est sous surveillance depuis 2019. Mais malgré les efforts des astronautes qui ont réduit la fuite, de nouvelles fissures pourraient réapparaître. Roscosmos et la NASA voudraient éviter de condamner une petite partie de la station avant la fin de vie de l'ISS.
Comme tout ce qui est étanche et sous pression, mais est équipé d'écoutilles, l'ISS est sujette à quelques petites déperditions d'air à travers ses joints, ses interfaces, etc. Mais depuis 2019, les agences et les astronautes suivent de près une fuite plus significative, au niveau de l'écoutille située tout à l'arrière de l'ISS, côté russe, au fond du compartiment Zvezda, l'un des plus anciens et des plus importants modules (on y trouve notamment l'ordinateur de pilotage et les systèmes de propulsion pour rehausser l'orbite).
Au fil du temps, les équipes ont réalisé plusieurs dizaines de mesures, des tests pour trouver la fuite, ont installé des bandes adhésives et des caméras pour tenter d'isoler le problème. Mais il s'agit de microfissures, qui se sont formées autour de l'écoutille, probablement à cause du travail thermique autant que des amarrages tout proches des cargos Progress et des séquences de propulsion de la station.
Fuite en avant
En avril 2024, le taux de fuite a doublé, passant à 1,7 kilo d'air par jour, avant d'être réduit cet été après une intervention des astronautes et cosmonautes. Il n'y a pas d'inquiétude particulière pour l'équipage : cette zone est très restreinte, et dans le pire des cas, il est toujours possible de fermer une écoutille qui se trouve juste derrière, ce qui reviendrait à dépressuriser cette petite partie de la station.
Malheureusement, ce serait aussi se priver d'un port d'amarrage important pour les cargos Progress, et utilisé par les Russes lors des modifications d'orbite de la station. Un handicap, mais pas un très grand danger.
Le véritable problème, c'est la cause de ces fissures. La Station spatiale internationale est vieillissante, et les modules comme Zvezda n'étaient pas censés fonctionner durant 25 ans en orbite… De plus, le contexte politique entre la NASA et Roscosmos ne rend pas vraiment le climat très favorable aux discussions. Américains et Russes peinent par exemple à se mettre d'accord pour fixer un seuil à partir duquel condamner définitivement la zone de fuite. Dans l'immédiat, rien d'urgent, les réserves d'air présentes permettent très largement de voir venir.
5 ans de point de fuite
En fond, il y a donc le très long débat sur la fin de vie de l'ISS. La Russie, qui a récemment donné son accord politique pour débuter les travaux sur la future station ROSS, n'a pour l'instant validé aucune date au-delà de 2028, tandis que les États-Unis ont attribué un contrat à SpaceX pour un véhicule Dragon modifié destiné à désorbiter la station à l'horizon 2030.
Il s'agira donc de bien s'accorder, y compris sur la gestion des inévitables pannes et autres désagréments à venir. On se souvient des dernières années à bord de Mir : les cosmonautes passaient une part importante de leur temps à bord à gérer des défaillances… alors que la station n'avait pas 15 ans.
Source : SpaceNews