La fuite concerne surtout le module Nauka, visible sur cette image (avec le nœud Pritchal sur le bas). © NASA
La fuite concerne surtout le module Nauka, visible sur cette image (avec le nœud Pritchal sur le bas). © NASA

Le 9 octobre, les sept astronautes occupant la Station spatiale internationale ont reçu un message malheureusement bien familier : il y a une fuite de liquide de refroidissement ! Située sur un module permanent russe, elle n'empêche pas la vie sur la station pour l'instant, mais par sécurité, deux sorties sont repoussées.

Pour la troisième fois en un an seulement, les opérateurs des centres de contrôle ont observé une chute de pression dans un système de refroidissement. Et, c'est encore côté russe. Après Soyouz MS-22, puis un cargo Progress à l'hiver dernier, il s'agit cette fois d'un équipement réfrigérant installé sur le module permanent Nauka. Ce grand module, dédié aux expériences scientifiques russes, est considéré comme presque neuf, puisqu'il s'est amarré à la station internationale en 2021. Toutefois, la fuite a eu lieu sur un élément qui est déjà en orbite depuis 2010, et qui était stocké à l'extérieur depuis tout ce temps.

La fuite en avant

Si les fuites soudaines des éléments réfrigérants des véhicules Soyouz et Progress ont beaucoup fait parler d'eux dans l'année passée, c'est parce qu'ils avaient un impact direct sur la capacité des astronautes et cosmonautes à se rendre et revenir de la Station spatiale internationale. Mais une fuite sur les équipements d'un module permanent pourrait être encore plus ennuyeuse, en fonction de celui qui est concerné. Les conséquences peuvent aller jusqu'à devoir éteindre tous les équipements, voire condamner le laboratoire.

Aussi ce 9 octobre, en détectant une fuite de liquide réfrigérant, les astronautes comme les contrôleurs au sol ont pris le temps de bien comprendre la situation. Si la cause exacte est encore inconnue (une enquête est ouverte), au moins sait-on que la fuite est isolée sur le radiateur RTOd, et n'empêche pas le module de fonctionner. Il n'y a aucun danger pour les occupants de l'ISS.

Un (vieux) radiateur ?

Le RTOd a une histoire relativement mouvementée. Prévu dès l'origine pour être connecté sur le module Nauka, il vient en complément de son radiateur standard pour évacuer plus de chaleur et permettre le fonctionnement des nombreux équipements scientifiques qui sont censés fonctionner dans le module laboratoire russe.

Le fait qu'il soit désormais en panne ne va pas trop changer la vie des cosmonautes, une grande partie de ces équipements n'est de toute façon pas installée dans le module ou pas en orbite. Mais le RTOd, lui, est déjà à l'extérieur depuis longtemps. Comme il s'agit d'un matériel lourd (plus de 200 kg) et volumineux, il n'a pas attendu que Nauka soit en orbite pour être amené sur l'ISS et il a fait le trajet en 2010 avec un autre module, Rassviet, dans la soute d'une navette américaine. Résultat, même s'il n'a été installé sur Nauka qu'en avril dernier, il avait déjà passé 13 ans en orbite.

Sergei Prokopiev et Dmitri Peteline étaient sortis au printemps dernier pour installer le radiateur RTOd sur le module Nauka. © NASA
Sergei Prokopiev et Dmitri Peteline étaient sortis au printemps dernier pour installer le radiateur RTOd sur le module Nauka. © NASA

Deux sorties en scaphandre repoussées

Si Roscosmos a beau assurer que la fuite est mineure et ne perturbera pas les opérations à venir, ce n'est pas tout à fait exact. Elle va d'abord avoir un impact sur les activités des cosmonautes russes : soit l'apport futur de nouveaux équipements scientifiques sera abandonné, soit ils devront sortir et tenter une éventuelle réparation sur un circuit de refroidissement qui n'est pas prévu pour ça. L'agence doit encore évaluer ses options.

D'autre part, deux sorties spatiales en scaphandre étaient prévues ces 12 et 19 octobre côté USOS (non russe) avec notamment la participation du commandant danois de la station, Andreas Mogensen… Elles sont décalées de quelques jours ou semaines, le temps de mieux saisir l'impact de la fuite, et pour assurer notamment que les équipements des astronautes ne seront pas salis ou contaminés par des dépôts à l'extérieur.

Pour l'instant, on ne sait pas si le calendrier d'autres étapes à venir va changer. Cela dépendra sans doute des inspections à venir, en particulier des photos HD réalisées avec les bras robotisés. Le 10 octobre au soir, Roscosmos indiquait qu'il n'y avait plus de particules s'enfuyant du circuit, indiquant qu'il est probablement purgé.

Source : Space News