Soyouz MS-22 et son circuit de refroidissement cassé vont rentrer à vide © Roscosmos
Soyouz MS-22 et son circuit de refroidissement cassé vont rentrer à vide © Roscosmos

Après une importante fuite détectée le 15 décembre dernier, les autorités russes, aidées par les Américains, ont rendu leurs conclusions ce 11 janvier. Les trois astronautes de l'équipage de Soyouz MS-22 ne rentreront pas avec leur capsule, mais avec Soyouz MS-23, qui décollera vide en février.

Le calendrier des missions sera un peu plus complexe que prévu.

Bijou, hibou, caillou, trou

La décision finale était attendue avec impatience, mais l'enquête de Roscosmos, menée en partenariat avec la NASA, a pris du temps pour étudier les différentes conclusions possibles. L'Américain Francisco Rubio et ses deux collègues russes, Sergei Prokopiev et Dmitri Petelin, sont en effet dans une position inconfortable depuis le 15 décembre, lorsqu'une importante fuite de liquide de refroidissement a été détectée sur leur capsule Soyouz MS-22 amarrée à l'ISS.

Immédiatement, les investigations ont démarré avec les équipes au sol pour d'abord trouver les causes de cette fuite, établir avec précision le niveau de sécurité des trois astronautes et savoir quelle décision prendre pour les mois à venir.

Le bras robotisé européen était le premier à prendre des photos © NASA TV
Le bras robotisé européen était le premier à prendre des photos © NASA TV

C'est un accident, mon cher Watson

Grâce à de multiples séries de clichés (pris avec l'aide du bras robotisé Canadarm2, opéré depuis la partie américaine), aux capteurs internes de Soyouz et aux inspections intérieures, Roscosmos a conclu que l'origine de la fuite est externe, avec un trou d'environ un millimètre de diamètre qui a percé le radiateur et probablement l'un des tuyaux de fluide. Il ne s'agirait donc pas d'un problème de conception, mais plutôt d'un impact de débris ou d'une micrométéorite. Un risque réel, puisque les objets de petite taille (quelques centimètres ou plus petits) sont très mal cartographiés. Même si, compte tenu de la position et de l'orientation de Soyouz lors de l'impact, la zone touchée n'était pas très exposée. Comme quoi, les accident n'arrivent pas toujours là où on les attend.

Le résultat de cette fuite, lui, est limpide : le système de refroidissement principal du module orbital de Soyouz MS-22 ne fonctionne plus, puisqu'il n'a plus de liquide pressurisé. Ses systèmes de bord fonctionnent bien aujourd'hui, et les équipes russe et américaine estiment que s'il y a vraiment une urgence vitale, il serait toujours possible que ses trois occupants rentrent avec pour se poser au Kazakhstan. Néanmoins, la situation n'est pas idéale. Pour éviter une panne et éloigner tout risque pour les astronautes, Roscosmos a décidé que MS-22 rentrerait à vide. La capsule embarquera du fret et reviendra atterrir sur Terre, en étudiant d'ailleurs tout particulièrement les températures à bord, pour mieux documenter cette panne inédite. Mais les astronautes, eux, rentreront avec Soyouz MS-23.

Échange MS-22 cassé contre MS-23 neuf (faire offre)

À l'origine, la capsule MS-23 devait décoller de Baïkonour au mois de mars avec un nouvel équipage russo-américain, mais puisqu'il faut en permanence un véhicule vide pour pouvoir rapatrier les occupants de l'ISS, elle décollera à vide, et le plus tôt possible (la date du 20 février est pour l'instant dans les calendriers).

Comme Soyouz est capable de s'amarrer automatiquement à la station, elle viendra donc vide et repartira avec les trois astronautes en temps voulu. Pour maximiser l'apport scientifique de l'équipage, leur mission sera d'ailleurs prolongée de plusieurs mois. Jusqu'en septembre, date à laquelle MS-23 aurait dû rentrer sur Terre ? Les agences ne l'ont pas précisé, même si c'est probablement l'objectif. En effet, il faudra quand même tenir compte de la santé (physique et mentale) de Francisco, Sergei et Dmitri qui, s'ils se portent très bien aujourd'hui, n'avaient pas prévu de passer un an dans les modules à 400 kilomètres de la Terre.

Pour la prochaine arrivée vers l'ISS, ce sera donc à vide © NASA

La NASA et Roscosmos, qui ont tenu ce 11 janvier une conférence commune, ont tenu à rappeler que cette enquête soulignait la bonne entente entre les équipes au sol comme en vol et à la priorité donnée à la sécurité des astronautes. Si c'est un cas d'école, un impact de micrométéorite fait partie des nombreux scénarios pour lesquels il y a un plan à suivre. Selon des responsables de la NASA, c'est aussi une bonne occasion pour échanger avec SpaceX notamment et évoquer des solutions plus exotiques dans des cas extrêmes, comme la possibilité de transférer des sièges Soyouz sur Crew Dragon.

Source : Ria