Bientôt le retour des Américains en Soyouz ! Crédits : NASA
Bientôt le retour des Américains en Soyouz ! Crédits : NASA

Malgré les tensions liées à l'invasion de l'Ukraine, la NASA et Roscosmos ont trouvé un accord pour envoyer des Américains sur des capsules Soyouz et faire voler les cosmonautes russes sur Crew Dragon. Du pragmatisme afin d'assurer une présence continue en orbite.

Côté russe, Dmitri Rogozine a quitté l'agence spatiale.

Au revoir, monsieur le directeur

Coïncidence, hasard d'agenda ou changement de position ? Le pétulant Dmitri Rogozine, à la tête de l'agence spatiale russe Roscosmos depuis mai 2018, a changé de poste. Très investi, très nationaliste et très virulent envers l'Occident en particulier depuis février dernier et l'invasion de l'Ukraine, il aurait été évincé, même si son départ de Roscosmos n'a pas fait l'objet de longues explications de la part du Kremlin. Tout juste apprend-on qu'il est remplacé par Youri Borisov. Ami de Vladimir Poutine, ne doutons pas que D. Rogozine retombera sur ses pieds avec un poste adapté à sa mesure (il est évoqué la possible administration des territoires occupés de l'Ukraine).

Néanmoins, le calendrier interroge : ce remplacement intervient un jour après une nouvelle escalade rhétorique contre l'agence spatiale européenne… Tandis que quelques heures après son départ, la NASA annonçait avoir trouvé un accord avec la Russie pour échanger des places au sein des véhicules habités vers la Station Spatiale internationale.

États-Unis et Russie échangent leurs places

Ces « échanges de sièges » ne traduisent pas nécessairement un rapprochement politique entre les États-Unis et la Russie… mais une plus grande souplesse pour assurer une permanence en orbite. En effet l'ISS ne peut fonctionner normalement sans membres d'équipage russes et américains.

La présence de membres « mixtes » des deux agences lors des rotations permet de se prémunir des aléas classiques liés aux capsules spatiales et aux lanceurs : il y a des retards, des périodes où les lanceurs sont cloués au sol pour vérification, et même des accidents inhérents à une pratique aussi dangereuse que le vol spatial habité. Faire voler des Russes sur Crew Dragon et des Américains sur Soyouz assure ainsi que si l'un ou l'autre des véhicules était indisponible, il y aurait toujours un équipage en fonction sur la station.

Et il ne s'agit pas, comme durant la période où les navettes spatiales américaines étaient à la retraite, d'achats de sièges… mais bien d'échanges.

Cela fait plus d'une décennie que des Russes n'ont pas embarqué pour l'espace depuis le centre spatial Kennedy. Crédits : NASA
Cela fait plus d'une décennie que des Russes n'ont pas embarqué pour l'espace depuis le centre spatial Kennedy. Crédits : NASA

Dès cet automne !

Cet accord d'échange était en gestation depuis plusieurs mois, mais devait impérativement aboutir en juillet pour permettre aux astronautes américains et russes de partir dans leurs destinations respectives pour l'entraînement !

Il ne s'agira pas pour eux de piloter ou de commander la capsule à laquelle ils sont assignés, mais bien d'en connaître les différentes procédures, en particulier celles liées à la sécurité, ainsi que mieux appréhender les lanceurs associés et les infrastructures au sol. Le premier échange aura lieu dès cet automne, avec la Russe Anna Kikina qui volera sur le prochain Crew Dragon, et l'Américain Frank Rubio sur Soyouz. Les astronautes peuvent déjà préparer leur visa pour le printemps prochain, ce sera au tour de l'Américaine Loral O'Hara sur Soyouz et d'Andrei Fedyaev sur Crew Dragon.

Source : Spacenews