L'invasion de l'Ukraine fait peser un poids constant sur les épaules de toutes les équipes s'occupant de la Station spatiale internationale. En orbite, la collaboration continue toutefois, avec des sorties extra-véhiculaires et des échanges d'équipage prévus de longue date.
Les enjeux sont-ils trop élevés pour que la géopolitique s'en mêle ?
ISS : des sanctions dans un palais de la collaboration
Dès les premiers jours de l'invasion de l'Ukraine et le début des sanctions envers la Russie, la question des opérations communes sur la Station spatiale internationale s'est posée. S'il a semblé un temps qu'il n'y aurait aucun impact sur l'ISS, les décisions allemandes, puis françaises, de cesser les collaborations internationales de recherche ont fait craindre des effets directs en orbite. En effet, l'astronaute de l'ESA actuellement sur place, Matthias Maurer, reste un citoyen allemand…
Les expériences et collaborations russes et allemandes sont donc à l'arrêt, même si là haut, la vie continue. Il y a fort à craindre que le bras robotisé européen ERA ne bougera pas de sitôt (il est fixé en position rétractée sur le flanc du module russe Nauka), mais aucune information n'a été confirmée, et l'ERA était déjà sujet à un retard opérationnel, car il a mis du temps à répondre aux commandes une fois en orbite. Ceci mis à part, depuis le début du mois de mars, on ne constate aucune conséquence majeure sur le calendrier de l'ISS.
Sortie de routine ?
Hier, le 15 mars, Kayla Barron et Raja Chari (tous les deux Américains) ont effectué une sortie extravéhiculaire en scaphandre, qui a duré 6 heures et 54 minutes. Les deux membres d'équipage avaient pour mission principale d'installer la structure sur laquelle viendra se fixer une nouvelle paire de panneaux solaires déroulants, et tout s'est passé exactement comme lors de leurs répétitions en piscine il y a quelques mois. Une bonne nouvelle, car ils sortiront de nouveau pour installer une structure identique à la base des panneaux du côté opposé d'ici la semaine prochaine !
Les panneaux quant à eux seront livrés sur la station à la prochaine rotation d'un cargo Dragon de SpaceX. Puisque leur travail leur en a laissé le temps, les astronautes ont aussi préparé de futures installations, en particulier pour remplacer des relais électriques de puissance (BCDU). C'était la deuxième EVA pour Kayla Barron et la première pour Raja Chari, tous les deux astronautes de la NASA depuis 2017.
Terminer les travaux avant de partir
Si les astronautes veulent penser à autre chose qu'au climat de tensions qui règne sur Terre, ils peuvent aussi s'immerger… dans le travail, tout simplement. En effet après un mois « au calme » suite à l'arrivée de deux cargos côtés russes, puis américains, il faut boucler certaines expériences avant les importants changements d'équipages à venir.
Dès ce vendredi 18 mars, la capsule Soyouz MS-21 (qui est déjà sur son site de lancement) décollera avec son équipage entièrement russe, et entamera la période de transition. Dans une rapide succession, on verra donc le remplacement des équipages Soyouz (MS-21 qui monte en orbite, MS-19 qui descend le 30 mars) puis celui des Crew Dragon (Crew-4 devrait arriver le 16 avril et Crew-3 retournera sur Terre le 21). Sans oublier les quatre touristes de la mission Axiom-1 en voyage d'agrément (avec quelques expériences) entre le 30 mars et le 8 avril !
Un record et un retour
Les propos enflammés, et régulièrement déplacés du directeur de l'agence russe Roscosmos sur les réseaux sociaux à propos des sanctions et de leurs contreparties ont laissé craindre quelque temps qu'il pourrait y avoir des problèmes avec le retour de l'astronaute Mark Vande Hei. Ce dernier doit rentrer en Soyouz avec les Russes Anton Shkaplerov et Piotr Dubrov à la fin du mois. Il vient d'ailleurs de dépasser avec ce dernier le record de la plus longue mission menée au sein de la Station spatiale internationale, avec plus de 340 jours !
Étant donné le climat de tensions dans lequel se fera son retour, beaucoup d'interrogations ont été soulevées quant à son atterrissage au Kazakhstan, sa sécurité ou le complexe voyage de retour puisque les espaces aériens sont fermés aux uns et aux autres. Cela étant, la NASA a indiqué ce lundi que son retour aurait lieu dans les conditions prévues depuis des mois, et que les deux agences continuaient à travailler ensemble pour que cette arrivée sur Terre se passe bien.
Source : Spacenews