Soyouz MS-22 au premier plan, amarré sur le module Rassviet. La fuite est située en bas, presque à la jonction entre le module pressurisé et le module de service et ses panneaux © NASA
Soyouz MS-22 au premier plan, amarré sur le module Rassviet. La fuite est située en bas, presque à la jonction entre le module pressurisé et le module de service et ses panneaux © NASA

Alors que deux cosmonautes s'apprêtaient à sortir en scaphandre sur les flancs de la station spatiale internationale, une fuite de liquide de refroidissement s'est déclarée à l'extérieur de la capsule Soyouz MS-22. L'équipage va bien et reste en sécurité, tandis qu'ils échangent avec les équipes au sol pour évaluer le problème.

Il y a de nombreuses options possibles pour la suite.

Sortie annulée pour cause de fuite

Décidément, Sergeï Prokopiev et Dmitri Petelin n'ont pas beaucoup de chance. Leur sortie extravéhiculaire sur l'ISS, pour transférer un radiateur du module Rassviet d'une douzaine de mètres jusqu'au module Nauka, avait déjà été décalée à la suite de problèmes sur l'un des scaphandres.

La nuit dernière cependant, tout allait bien pour les deux équipiers, qui étaient déjà dans le sas et se préparaient à sortir, tandis qu'Anna Kikina, la troisième Russe à bord de l'ISS, avait pour tâche de piloter le bras robotisé européen ERA. Une première alarme a alors attiré l'attention des contrôleurs au sol : une baisse de pression dans le circuit de refroidissement de la capsule Soyouz MS-22. Bien vite, les observations externes confirment l'alerte : une fuite extérieure évacue le liquide de refroidissement dans un jet qui projette de minuscules gouttes de la partie basse de Soyouz. La sortie en scaphandre a d'abord été retardée, puis annulée.

Il pleut, dehors…

Au sein de la station spatiale internationale, les astronautes n'ont pas perdu de temps. D'abord pour occulter tous les hublots possibles avec les protections externes (y compris sur les objectifs des instruments scientifiques), puis pour placer la station dans une orientation particulière.

Alors même que Prokopiev et Petelin mettaient fin aux opérations liées à leur sortie, Anna Kikina utilisait le bras robotisé ERA pour inspecter la fuite qui a duré au moins deux heures (aucune image plus récente n'est disponible). Le tout sans panique : il n'y a aucun danger immédiat pour l'équipage ni pour les modules de la station eux-mêmes.

S'agissant de Soyouz, si le circuit de refroidissement touché par cette fuite n'est pas réparable (ce qu'il faudra encore préciser), il y a d'autres circuits qui peuvent en diminuer l'impact. Néanmoins, les équipes au sol, avec les astronautes, ont modifié le programme de la journée et sont en train d'évaluer la situation.

© NASA
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Quelle suite pour Soyouz MS-22 ?

En dehors des possibles contaminations d'instruments ou d'expériences scientifiques à cause de cette fuite, la question principale reste l'état de Soyouz MS-22. Ce dernier doit normalement rester amarré à l'ISS jusqu'au mois de mars, après quoi il reviendra se poser avec les Russes Prokopiev et Petelin, ainsi que l'Américain Rubio. Mais il existe plusieurs scénarios qui pourraient perturber cet agenda.

D'abord, il faut savoir si la fuite du système est définitive ou si elle peut être réparée. Mais attention, une réparation extérieure serait très difficile, d'autant que Soyouz MS-22 est difficilement accessible (amarré Rassviet, et la fuite est tout au bout). Ensuite, les équipes russes vont se réunir pour savoir si les systèmes auxiliaires peuvent compenser cette fuite. En théorie, oui, mais que se passerait-il si les autres systèmes de tombent à son tour en panne, au plus mauvais moment ? Si les équipes prenaient de concert la décision de ne pas utiliser MS-22 pour ramener les astronautes sur Terre, alors la capsule serait désamarrée de l'ISS puis désorbitée, et le décollage de Soyouz MS-23 (prévu le 16 mars prochain) pourrait à son tour être avancé. La capsule décollerait à vide, pour pouvoir ramener les astronautes « coincés » sur l'ISS.

Néanmoins plutôt que de se perdre en conjectures, il faut se concentrer sur la situation réelle : une partie des opérations extérieures de l'ISS est en pause le temps de recevoir un maximum d'informations… Et le bras robotisé ERA sera bien utile pour prendre un maximum de prises de vues près de la fuite mais aussi pour savoir ce qui a pu générer ce problème : implosion, surchauffe, impact de micrométéorite ? Tout cela reste encore à déterminer.