Station spatiale internationale

Plus tôt dans la semaine, on apprenait de sources officielles russes que de nouvelles fissures superficielles ont été découvertes dans le module Zarya de la Station spatiale internationale. Pour les ingénieurs russes, les dégradations pourraient rapidement empirer au fur et à mesure que l’ISS approche de la retraite.

Une situation qui pourrait bien influencer la position de Moscou sur la prolongation de l’ISS après 2025.

De vieux modules qui se détériorent

Dans un récent article, nous revenions sur la volonté de la NASA de prolonger l’ISS jusqu’en 2030. Une posture suivie par le Japon, la plupart des pays européens et, potentiellement, l’agence spatiale russe Roscosmos. Après tout, le dernier module russe, Nauka, vient à peine de s’amarrer à l’ISS, après un feuilleton rocambolesque. Et les premiers modules « commerciaux » américains, commandés par la NASA, devraient rejoindre la station en 2024. De quoi permettre encore quelques années de carrière opérationnelle, non ?

En réalité, la situation est bien plus complexe. Le montage principal de la station s’est en effet échelonné entre 1998 et 2011. Or, les premiers modules déployés, notamment Zarya et Zvezda côté russe, commencent à accuser leur âge. Depuis 2019, plusieurs petites fuites d’atmosphères ont ainsi été détectées dans Zvezda. Et cette semaine, on apprend que des micro-fissures superficielles ont été détectées à bord de Zarya. C’est ce qu’a affirmé par voie de presse Vladimir Solovyov, l’ingénieur en chef d’Energuia, la compagnie russe qui produit les principaux composants spatiaux du pays.

On ne sait pas encore si ces fissures ont pu causer des fuites d’air, de plus en plus courantes à bord de l’ISS. Mais les ingénieurs et officiels russes préviennent que ces détériorations pourraient rapidement s’aggraver, au point de pouvoir causer de véritables catastrophes une fois le point de rupture dépassé.

Quel avenir pour l’ISS ?

Ces nouvelles déclarations viennent, une fois de plus, brouiller le narratif russe autour de leur industrie spatiale et de leur engagement dans l’ISS. Tantôt rassurant sur leur gestion des fuites à bord de Zvezda ou de Soyouz, tantôt alarmistes sur l’avenir de toute la station, capables de déployer très tardivement le module Nauka tout en enchaînant les déboires avant et après son amarrage, les acteurs russes du spatial ne semblent pas suivre de ligne clairement établie concernant la continuité de leur présence en orbite terrestre.

Alors que la Russie s’est désengagée de la future station orbitale lunaire LOP-G, elle semble désormais suivre la Chine dans son aventure lunaire. Mais quid de l’orbite basse ? Si Roscomos se déclare jusqu’ici ouverte à une prolongation de l’ISS au-delà de 2024, l’état des plus vieux modules russes et les coûts associés à leur entretien ou leur remplacement pourraient bien conduire à un retrait russe anticipé, voire à une alliance de Pékin et Moscou autour de la station chinoise CSS. Et tant pis pour Nauka ?

Entre effets d’annonce, négociations diplomatiques, initiatives privées et expertises techniques, la fin de vie de l’ISS risque en tous cas d’être particulièrement trépidante.

Source : Reuters