Si vous avez moins de 20 ans aujourd'hui, il y a toujours eu des astronautes au sein de la Station Spatiale Internationale, au-dessus de vos têtes. Deux décennies riches en nouveautés, en expériences scientifiques et en aventures techniques.
Et il reste encore de quoi faire pour quelques années…
Vingt ans tout pile
Le 2 novembre 2000 à 10h21 (heure de Paris), la capsule Soyouz TM-31 s'amarre à la Station Spatiale Internationale. Malgré la volonté de William « Bill » Sheperd officiellement aux commandes de cette Expédition 1, elle ne sera jamais renommée Alpha, et restera l'ISS pour toujours.
Accompagné par le vétéran Sergei Krikalev et Youri Gidzenko, Bill Shepherd ouvre les écoutilles du module Zvezda 90 minutes après amarrage. Leur mission ne sera pas aisée, car il y a tout à faire, à commencer par mettre en route tous les systèmes nécessaires pour vivre à bord des trois modules habitables installés à l'époque (Zvezda, Zarya le tout premier arrivé en 1998, et Unity). Un mois plus tard, la navette Endeavour s'amarrait de l'autre côté de la station, apportant de nouvelles pièces pour assembler les éléments de ce gigantesque chantier volant à 2 8000 km/h.
Une station qui évolue
En 20 ans, la station s'est considérablement agrandie, que ce soit côté russe, avec l'arrivée des modules Pirs, Poisk et Rassviet, ou dans la section gérée par les Etats-Unis avec Quest, Harmony, Destiny, Tranquility, Columbus, Kibo, la Cupola, Leonardo et BEAM.
Elle a accompagné notre présent sur Terre durant ces deux dernières décennies, observant notamment les catastrophes : Frank Culbertson capture des clichés de New-York depuis l'orbite le 11 septembre 2001, les astronautes rendent hommage à l'équipage disparu de la navette Columbia en 2003, d'autres prendront des photos des instantanés de violence climatique, comme les feux de forêts, les inondations ou les pollutions majeures.
Mais en 20 ans, il y a aussi eu de magnifiques moments de collaboration, d'amitié, de science et de technique à bord de l'ISS. On pense à ces opérations acrobatiques tout au bout de la poutre centrale, au découpage aux gros ciseaux (depuis l'extérieur) du revêtement d'un Soyouz, ou à la réparation réussie du télescope AMS l'année dernière… Jusqu'à la présence de la Flamme olympique en orbite avant les jeux de Sotchi.
Pour la France aussi, l'ISS est un laboratoire particulier. Au CADMOS à Toulouse, les équipes sont en liaison avec les expériences de la station, qu'ils peuvent piloter et qui leur envoient des données, avec ou sans le concourt des astronautes. Quatre français sont déjà allés sur la station spatiale internationale au service de l'ESA (Claudie Haigneré, Philippe Perrin, Lépold Eyharts et Thomas Pesquet, qui y retourne en avril prochain).
Voir plus loin
Aujourd'hui, la Station Spatiale Internationale est avant tout un grand laboratoire, qui continue de vivre et de s'agrandir. Parmi les résultats les plus récents, une suite de près de 40 expériences sur l'interaction des microparticules colloïdes pourront avoir des impacts variés, sur de futurs shampoings comme sur l'impression 3D, l'optique, voire de potentiels habitats lunaires !
Les résidents de l'ISS vont prochainement passer à des rotations à sept astronautes grâce aux nouveaux véhicules américains, et le module scientifique russe MLM « Nauka » devrait même décoller l'année prochaine pour permettre d'augmenter les capacités de recherche. Actuellement, l'ISS est assurée de fonctionner au moins jusqu'à 2024, avec une extension pratiquement actée à 2028. L'avenir au-delà est plus complexe qu'il n'y paraît, car les modules vieillissent et les différentes agences qui financent la station ont des ambitions différentes. Signe des temps ou non, les astronautes ont récemment identifié une fissure au sein de Zvezda, l'un des modules les plus anciens.
En attendant, les partenaires fêtent les 20 ans de la Station, et ses trois occupants actuels, Sergeï Ryzhikov, Sergueï Koud-Svertchkov et Kate Rubins, ont plusieurs interventions prévues pour l'événement.