Heureusement ça ne volera pas dans tous les sens comme sur cette vue d'artiste ! © NASA
Heureusement ça ne volera pas dans tous les sens comme sur cette vue d'artiste ! © NASA

Pour pouvoir ramener des échantillons collectés par le rover Perseverance sur Terre d’ici une décennie, la NASA n’enverra finalement qu’une mission les chercher sur le sol de Mars. Et cette dernière n’embarquera pas de robot terrestre, mais deux hélicoptères semblables à Ingenuity. Ambitieux !

Il y a aussi un volet politique un peu plus complexe…

Analyser Mars, chez nous

Le concept détaillé de la mission MSR (Mars Sample Return) change, pour une simplification de l’architecture, pour faire des économies et pour tenir compte de la très bonne santé du rover Perseverance.

Ce dernier roule dans le cratère Jezero depuis bientôt 18 mois et sa mission se passe aussi bien que prévu, sinon mieux ! Il a collecté des échantillons du « fond » de cet ancien cratère dont le delta offrait sans doute quelques unes des conditions les plus propices à la vie, il y a 3,5 milliards d’années. Il a également exploré les berges plus élevées, au début de ce mois de juillet.

Le périple va se prolonger plusieurs années encore, jusqu’à ce qu’il ait foré et embarqué, dans ses entrailles, près d’une quarantaine de tubes scellés contenant des échantillons du sol de Mars bien documentés et très variés. L’espoir de la NASA et de l’agence spatiale européenne (qui est partenaire pour le retour d’échantillons), c’est de pouvoir un jour les analyser sur Terre, dans les meilleurs laboratoires du monde.

Faire plus simple avec l’existant

Pour cela, il était prévu d’envoyer deux missions dans le cratère Jezero à leur tour : un rover capable de rouler rapidement et de récupérer les échantillons laissés par Perseverance, puis une plateforme équipée d’un mini lanceur orbital. Une fois les échantillons installés dans l’ogive de la fusée, cette dernière décolle pour l’orbite de Mars, et un satellite spécialisé (l’ERO, pour Earth Return Orbiter) les ramène vers notre planète en 2033.

Mais tout cela va changer : les performances de Perseverance sont très bonnes, le grand rover sera donc capable de ramener par lui-même ses échantillons vers la plateforme équipée de la fusée pour décoller vers l’orbite. La NASA et l’ESA ont donc simplifié tout ça : une seule mission avec une plateforme pour se poser sur Mars, équipée d’un bras robotisé capable de transférer les tubes scellés depuis le sol vers la fusée. Et une autre pour capturer les échantillons en orbite et les ramener.

Penser à tout… Même à la politique

Et si jamais Perseverance tombait en panne ? La NASA embarquera deux hélicoptères à peine plus gros que le prototype Ingenuity qui a déjà réussi 29 vols en un an à peine sur la surface de Mars. Ces derniers serviront de « solution de secours » pour transporter les tubes. Le bras robotisé qui les chargera dans la fusée sera européen.

Si cette solution est à la fois plus simple, moins chère et plus audacieuse (en particulier avec les deux hélicoptères), les changements concernent plus les Européens, qui jusqu’ici étaient chargés de fournir le « fetch rover » devant récupérer les échantillons. La filiale Airbus DS du Royaume-Uni s’était chargée de l’étude de conception, et espérait bien passer à la réalisation… À la place, ce sont les Italiens de Leonardo, OHB Italia et SAB Aerospace qui fourniront le bras robotisé.

Airbus DS se charge toujours de la mission orbitale de retour, mais pas la partie anglaise… Il y aura donc des tractations politiques en coulisses dans les mois à venir. Certains chuchotements néanmoins laissent entrevoir que cette implication moindre de l’ESA sera une contrepartie à un possible transport du rover ExoMars vers la planète rouge avec l’aide de la NASA. Mars est affaire de stratégie.

Source : NASA