15 ans après son atterrissage sur Titan, l'un des derniers mystères de Huygens est levé !

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 16 janvier 2020 à 09h19
Lacs Titan
Vue d'artiste de la surface de Titan à partir des données Cassini-Huygens

Le 14 janvier 2005, la petite sonde européenne Huygens atterrissait sur Titan. Un exploit unique et une descente dans l'atmosphère riche en émotions : le petit véhicule s'était mis à tourner... Dans le mauvais sens !

Date anniversaire

Après son décollage en 1997 accroché sur le « dos » de la sonde Cassini de la NASA, le petit atterrisseur Huygens était longtemps resté inactif... Avant d'être largué le jour de Noël 2004 en direction de Titan, la plus impressionnante lune de Saturne. La descente de Huygens (319 kg) à travers l'atmosphère riche en hydrocarbures dura 2 heures et 27 minutes, au cours desquelles les instruments ont pu enregistrer un trésor de données. Le premier, et pour l'instant le seul atterrissage sur une autre lune que la notre fut une réussite éclatante.

Pourtant, les capteurs de bord ont relevé d'étranges mesures : lors de sa traversée de l'atmosphère de Titan, la sonde s'est mise à tourner dans le mauvais sens.


Le monde à l'envers

Huygens avait besoin de tourner sur son axe pour se stabiliser durant ses trois semaines de vol libre en approche de Titan, et faisait un tour sur elle-même toutes les huit secondes, jusqu'à entrer dans l'atmosphère. Là, mystère : en 10 minutes, la rotation a freiné, puis s'est inversée ! Heureusement, Huygens n'a pas fait la toupie jusqu'à être en danger, et s'est finalement posée sans problème majeur.

Reste qu'il aura fallu plusieurs études pour prouver pourquoi les 36 ailettes fixées sur le bouclier d'entrée atmosphérique n'ont pas réussi à diriger les flux correctement. Grâce à la soufflerie du laboratoire PRISME, à l'Université d'Orléans, des résultats définitifs ont permis comprendre le phénomène : l'antenne du radar altimétrique et le dispositif qui a permis d'éjecter Huygens de Cassini ont créé suffisamment de perturbations dans le flux aérodynamique pour inverser la rotation.


Essais en soufflerie d'une maquette de Huygens


Repartons gaiement vers Titan

15 ans après, il est important d'avoir bien résolu ce problème. D'une part parce qu'une autre mission est actuellement en préparation pour partir sur la surface de Titan (Dragonfly, de la NASA), et d'autre part pour ne pas répéter cette erreur dans une autre atmosphère, comme celle de Mars, Venus ou la Terre, avec des conséquences plus dangereuses pour la mission.

Au cours de sa descente, Huygens a tout de même pu mesurer les vents, identifier les hydrocarbures contenues dans l'atmosphère, détecter les signes des processus internes de Titan comme le cryovolcanisme, et fournir de nombreuses images...

Source : ESA
Eric Bottlaender
Spécialiste espace
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Commentaires (9)
soixante

/me google frénétiquement « cryovolcanisme »

[edit] oh, ok.

ebottlaender

Oui bon c’est assez badass quand même le cryovolcanisme !

Même si c’est un poil moins spectaculaire que celui avec les flammes de l’enfer…

Fulmlmetal

C’est quand meme de l’argent et des ressources dépensées juste pour savoir pourquoi une sonde a tourné dans un sens plutot que dans un autre. 15 ans après …
J’aurai préféré que ces ressources humaines et financières soit dépensées dans des projets à venir.

ebottlaender

Comme je le précise, c’était important à identifier justement pour les missions a venir, et en particulier celles vers Titan. On n’atterrit pas souvent sur une autre planète/lune, alors savoir qu’une sonde a tourné à l’envers au mauvais moment, c’est bien de savoir pourquoi.

Je peux ajouter que ça n’a visiblement pas coûté bien cher ni mobilisé tant de monde que ça, mais c’était un progrès à souligner au moment où l’on fête les 15 ans de cette drôle de mission.

Fulmlmetal

Certes mais je doute fortement qu’une prochaine mission vers Titan soit identique à la sonde Huygens. Il était évident que c’était un problème d’aerodynamisme, donc si elle est différente les comportements seront différents.

ramses_deux

Je pense que tu es bon pour envoyer ton CV a la NASA Fulmimetal.
Ils ont clairement besoin de toi ces idiots!

Fulmlmetal

je ne vois pas le rapport avec ce que j’ai dit !!!

ares-team

J’avoue que je ne comprends pas trop le chapitre final:
« Repartons gaiment vers Titan »

Il y a la phrase: « …et d’autre part pour ne pas répéter cette erreur dans une autre atmosphère, comme celle de Mars, Venus ou la Terre,… »

Alors on va dépenser entre 50 et 120 millions de dollars pour lancer une fusée, qui lachera une sonde qui devra atterir sur Terre ?
Vous n’êtes pas sérieux ?

ebottlaender

Alors… Non. Mais parfois on a besoin que des sondes qui font des missions reviennent intactes sur Terre, comme par exemple celles qui sont allé prélever des échantillons sur les astéroïdes en ce moment. C’est là que les leçons apprises avec ce genre d’expérience vont se révéler utiles, même si l’atmosphère terrestre en particulier est très bien documentée et modélisée. Des sondes qui reviennent très vite et de très loin pour retourner sur Terre, il n’y en a eu qu’une petite dizaine…

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