Le 14 janvier 2005, la petite sonde européenne Huygens atterrissait sur Titan. Un exploit unique et une descente dans l'atmosphère riche en émotions : le petit véhicule s'était mis à tourner... Dans le mauvais sens !
Date anniversaire
Après son décollage en 1997 accroché sur le « dos » de la sonde Cassini de la NASA, le petit atterrisseur Huygens était longtemps resté inactif... Avant d'être largué le jour de Noël 2004 en direction de Titan, la plus impressionnante lune de Saturne. La descente de Huygens (319 kg) à travers l'atmosphère riche en hydrocarbures dura 2 heures et 27 minutes, au cours desquelles les instruments ont pu enregistrer un trésor de données. Le premier, et pour l'instant le seul atterrissage sur une autre lune que la notre fut une réussite éclatante.Pourtant, les capteurs de bord ont relevé d'étranges mesures : lors de sa traversée de l'atmosphère de Titan, la sonde s'est mise à tourner dans le mauvais sens.
Découverte d'une lune autour de l'astéroïde Eurybates, que la NASA a déjà prévu de visiter
Le monde à l'envers
Huygens avait besoin de tourner sur son axe pour se stabiliser durant ses trois semaines de vol libre en approche de Titan, et faisait un tour sur elle-même toutes les huit secondes, jusqu'à entrer dans l'atmosphère. Là, mystère : en 10 minutes, la rotation a freiné, puis s'est inversée ! Heureusement, Huygens n'a pas fait la toupie jusqu'à être en danger, et s'est finalement posée sans problème majeur.Reste qu'il aura fallu plusieurs études pour prouver pourquoi les 36 ailettes fixées sur le bouclier d'entrée atmosphérique n'ont pas réussi à diriger les flux correctement. Grâce à la soufflerie du laboratoire PRISME, à l'Université d'Orléans, des résultats définitifs ont permis comprendre le phénomène : l'antenne du radar altimétrique et le dispositif qui a permis d'éjecter Huygens de Cassini ont créé suffisamment de perturbations dans le flux aérodynamique pour inverser la rotation.
Repartons gaiement vers Titan
15 ans après, il est important d'avoir bien résolu ce problème. D'une part parce qu'une autre mission est actuellement en préparation pour partir sur la surface de Titan (Dragonfly, de la NASA), et d'autre part pour ne pas répéter cette erreur dans une autre atmosphère, comme celle de Mars, Venus ou la Terre, avec des conséquences plus dangereuses pour la mission.Au cours de sa descente, Huygens a tout de même pu mesurer les vents, identifier les hydrocarbures contenues dans l'atmosphère, détecter les signes des processus internes de Titan comme le cryovolcanisme, et fournir de nombreuses images...
Source : ESA